Togo : le parti de Tikpi Atchadam à bout de souffle

En 2017, il mobilisait les foules contre le pouvoir de Faure Gnassingbé. Mais quatre ans après le départ en exil de son chef, entre poursuites judiciaires, boycott des scrutins et manque de leader, le Parti national panafricain connaît une traversée du désert.

Siège du Parti national panafricaine (PNP) à Lomé © B. Mouanda/JA

Siège du Parti national panafricaine (PNP) à Lomé © B. Mouanda/JA

CHARLES-DJADE_2024

Publié le 3 septembre 2021 Lecture : 2 minutes.

À Agoé, dans la banlieue nord de Lomé, seule une enseigne frappée de l’acronyme du parti et de son emblème, un cheval, rappelle que c’est ici qu’est installé le siège du Parti national panafricain (PNP). Mais l’immeuble à deux niveaux n’accueille plus aucun cadre. Il est vide, et en chantier. Ils semblent loin, ces jours d’octobre 2017 lors desquels le président du parti, Tikpi Atchadam, prenait la tête des manifestations monstres qui noircissaient les rues de Lomé et mettait à rude épreuve le pouvoir. L’opposant aux fines lunettes apparaissait alors comme la principale menace pour Faure Essozimna Gnassingbé. Loin d’avoir démissionné, comme le réclamaient les protestataires, le chef de l’État a depuis fait adopter la révision constitutionnelle et a été confortablement réélu, en février 2020, pour un quatrième mandat, après quinze années au pouvoir. 

Son adversaire, lui, n’a plus mis un pied dans son pays depuis sa fuite d’octobre 2017. On l’a alors dit au Ghana puis en Allemagne. Loin de Lomé, son absence pèse sur son parti, qui a entamé une traversée du désert. Le PNP s’est heurté à la ténacité du pouvoir, rappelle le politologue Senyéebia Yawo Kakpo, enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques à l’Université de Kara. Le mouvement Atchadam a rencontré la détermination du pouvoir à ne rien céder. Cela a mis un terme à l’euphorie. » Affaibli, il ne fait plus partie de la C14, la coalition qui rassemblait 14 partis d’opposition. 

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Une voix qui porte moins

Tikpi Atchadam assure pourtant ne pas rendre les armes. La verve intacte et le ton assuré, il continue, via les réseaux sociaux, à diffuser régulièrement des messages sur les réseaux sociaux. Mais quatre ans après le début de son exil, sa voix porte de moins en moins. Son dernier appel à renverser le régime est passé quasi inaperçu. L’homme reste néanmoins aux manettes et centralise les décisions, qui pour l’heure se limitent à des échanges entre cadres dans une vingtaine de groupes Whatsapp. Depuis deux ans, le PNP n’a appelé à aucune mobilisation, officiellement en raison de la crise sanitaire, mais aussi par crainte : ses dirigeants s’estiment persécutés. 

Sollicité, le secrétaire général du parti, Kossi Sama, n’a pas souhaité nous répondre. La raison ? Il veut se protéger après avoir purgé une peine de 18 mois de prison pour trouble à l’ordre public. « Ils vivent pour la plupart dans la clandestinité tout comme leur président parce que le parti est persécuté », se lamente Sedro Koffi, un militant encore actif. 

À l’Union pour la République (UNIR), le parti de Faure Gnassingbé, on estime que le PNP restera dans les mémoires pour avoir mis à mal « le vivre ensemble des Togolais ». « Il a contribué à exacerber le repli identitaire », tacle un cadre du parti présidentiel. Et prévient : « une répétition d’un mouvement [similaire à celui de 2017] n’est pas pour demain”.

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