Un temps cité pour remplacer Henri-Marie Dondra aux Finances, c’est finalement à la tête de la Défense que Rameaux-Claude Bireau a été nommé en juin, succédant à Marie-Noëlle Koyara. Si le président Faustin-Archange Touadéra et lui cheminent ensemble depuis longtemps, le nouveau ministre est un homme peu connu du grand public. Voici ce qu’il faut retenir sur ce sexagénaire aussi discret qu’influent.
• Proche du président
Comme le ministre de l’Énergie, Arthur Piri, Rameaux-Claude Bireau est un neveu de Touadéra. Il entretient de bonnes relations avec le chef de l’État, qu’il accompagne depuis près de treize ans et dont il a su gagner la confiance. En 2008, lorsque Touadéra devient le Premier ministre de François Bozizé, il fait de Bireau son chef de cabinet particulier. Les deux hommes ne se sont dès lors plus quittés.
• Technocrate
Ancien inspecteur des douanes, Bireau a été formé à l’économie à Bangui puis à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il a ensuite enchaîné les postes à responsabilités, passant notamment par le Bureau d’affrètement routier centrafricain (Barc), jusqu’à être nommé, en 2016, ministre-conseiller pour les affaires économiques d’un Touadéra devenu président – un poste qu’il occupait encore en juin dernier.
Il a quelques entrées en Europe, mais entretient surtout des liens étroits avec plusieurs hauts gradés russes
Depuis cette année-là, il est également l’influent trésorier de Mouvement cœurs unis (MCU). Avant la création du parti du pouvoir, on ne lui connaissait pas d’affiliation politique.
• Carnet d’adresses
Ses fonctions dans l’ombre de Touadéra, qu’il a accompagné dans la plupart de ses déplacements lorsqu’il était à la primature, lui ont permis de tisser son réseau. Il a quelques entrées du côté de la France et de l’Union européenne, mais il entretient surtout des liens étroits avec plusieurs hauts gradés russes. À Kigali aussi, il est « connecté » à plusieurs membres du cercle qui entoure le président Paul Kagame, notamment à travers le Rwanda Development Board (RDB), que dirige Clare Akamanzi.
Sur le plan national, il peut se prévaloir de forts soutiens dans l’armée et la hiérarchie militaire, ainsi que de liens étroits avec le chef de d’état-major de l’armée, le général Zéphirin Mamadou, et le chef de la sécurité de Touadéra, le général Alfred Service.

Le nouveau ministre avec le général Zéphirin Mamadou, chef d’état major des forces armées et le général Landry Depot, directeur général de la gendarmerie. © Pacôme Pabandji
• Moscou Connection
En janvier dernier, Bangui vacille sous la pression de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), au sein de laquelle se sont alliés les groupes armés les plus puissants du pays. Bireau, lui, s’envole pour Moscou et rencontre le ministre russe de la Défense, Sergueï Choigou. Les relations militaires entre les deux pays en sortiront renforcées, la Russie n’hésitant pas à envoyer en Centrafrique davantage de matériel et de conseillers pour aider Touadéra à élaborer une stratégie et à tenir tête aux rebelles.
Présent à Sotchi en tant que conseiller économique du président lors du sommet qui a consacré le rapprochement entre Bangui et Moscou en 2019, il connaît les rouages des entreprises comme ceux de la Défense. En décembre 2020, il faisait d’ailleurs partie de la délégation envoyée à Moscou pour signer un contrat avec la société diamantaire russe Alrosa.
Il devra remettre de l’ordre dans la chaîne de commandement militaire
• Défis
Désormais ministre de la Défense, il va devoir restructurer l’armée. Il dit vouloir en faire une armée républicaine, performante et respectueuse des droits humains, mais devra remettre de l’ordre dans la chaîne de commandement, tout en s’appuyant sur des cadres militaires qui ont été formés dans des académies centrafricaines, mais aussi parfois rwandaises, russes ou françaises.
Il va surtout devoir tenter de pacifier le territoire centrafricain, que se disputent bandits, groupes armés et une rébellion dirigée par François Bozizé. Il lui faudra donc combiner tactique politique et stratégie militaire. Pour ce faire, il lui sera difficile de se passer du soutien de la communauté internationale, laquelle voit pourtant d’un mauvais oeil la proximité entre Bangui et Moscou.