Politique

RDC : le désarmement démarre sur fond de controverse

Malgré les critiques qui ont accueilli l’annonce de sa nomination, Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi est confirmé à la tête du nouveau Programme de désarmement, démobilisation et relèvement communautaire.

Mis à jour le 16 août 2021 à 12:43
Kash

Par Kash

Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

Kash

Costume et cravate bien ajustés, Tommy Tambwe Ushindi affichait un visage confiant, vendredi 13 août, à la sortie de son entretien avec Félix Tshisekedi. Confirmé à la tête du nouveau Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRC-S), l’ancien rebelle se montrait alors reconnaissant : « Nous avons remercié le président pour sa confiance. Il y avait beaucoup de candidats et il a jeté son dévolu sur nous. »

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Mais Tommy Tambwe Ushindi n’ignore pas qu’il n’arrive pas en terrain conquis à ce poste stratégique pour le chef de l’État, lequel a fait du retour de la paix dans l’est de la RDC l’une de ses priorités. Nombreux en effet sont ceux qui ont grincé des dents en apprenant que le choix de Félix Tshisekedi se portait sur lui.

Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a ainsi fait part de sa « circonspection ». « En gratifiant ainsi des criminels au lieu de les traduire en justice, cette stratégie de tireurs de ficelles tapis à Kinshasa, Kigali, Kampala et Bujumbura encourage les groupes armés en brousse à attendre leur tour », a regretté le médecin congolais.

« République indépendante du Kivu »

Ancien vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu lors de la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD)-Goma, soutenu par le Rwanda pour combattre le régime de Laurent-Désiré Kabila, Tommy Tambwe Ushindi a également occupé des responsabilités au sein de l’Alliance pour la libération de l’est du Congo (Alec), un mouvement proche de la rébellion du M23. Un rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la RDC affirme notamment que l’Alec avait pour objectif d’instaurer une « République indépendante du Kivu ».

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La présidence a beau mettre en avant sa connaissance du terrain, les détracteurs de Tommy Tambwe estiment qu’il aura d’autant plus de mal à rassurer les groupes armés qu’il a combattus plusieurs d’entre eux lorsqu’il faisait encore partie du RCD.