Le 21 septembre 2019, à l’occasion d’un déplacement à Bruxelles, Félix Tshisekedi avait rencontré les enfants de Moïse Tshombe résidant en Belgique et convenu de la mise en place d’un groupe de travail à travers lequel se déroulerait les discussions concernant les modalités du rapatriement de la dépouille de l’ex-président du Katanga sécessionniste, qui a également été Premier ministre de Joseph Kasa-Vubu.
Lors de son discours de politique générale, le 3 septembre 2019, le Premier ministre de l’époque, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, avait promis d’organiser le rapatriement de la dépouille de Moïse Tshombe et de l’ancien maréchal, respectivement inhumés en Belgique et au Maroc.
Héritage
Bientôt deux ans plus tard, les avancées dans ce dossier sont bien maigres. La famille, éparpillée entre la Belgique et la RDC, a notamment posé comme préalable la promulgation d’une loi de réhabilitation de Moïse Tshombe et l’annulation de sa condamnation à mort par contumace, qui date de 1967. Tshombe est pour le moment enterré dans une concession perpétuelle du cimetière de la commune bruxelloise d’Etterbeek.
Mais en parallèle de ce dossier, pour lequel la descendance de l’ex-Premier ministre attend une avancée du gouvernement, les enfants de Moïse Tshombe sont, depuis plusieurs années, divisés autour de la gestion de son héritage et notamment de son vaste patrimoine immobilier en RDC. Plusieurs procédures avaient ainsi été initiées en 2008 par Chantal Tshombe, l’une des filles de l’ex-Premier ministre, à l’encontre de l’un de ses frères, André Tshombe – l’un des gestionnaires du patrimoine familial.
Chantal Tshombe souhaitait notamment obtenir la désignation d’un liquidateur judiciaire dans la succession de l’ancien président du Katanga. Selon nos sources, certains des conflits ouverts devant les tribunaux entre celle-ci et son frère sont toujours en cours d’examen, notamment devant la Cour d’appel de Lubumbashi et devant la Cour suprême de justice.
Litiges immobiliers
À ce duel fratricide est venu se greffer un nouveau litige dans lequel s’affrontent à nouveau différents parents de Moïse Tshombe. Par un courrier adressé par leur avocat Michel Luanyi Nyambi le 21 mai dernier, que Jeune Afrique a pu consulter, deux des filles de Moïse Tshombe, Patricia et (là aussi) Chantal, ainsi que les enfants d’un troisième héritier, Jean Ditend Tshombe, ont déposé plainte devant la Cour d’appel de Lubumbashi pour abus de confiance à l’encontre d’une autre fille, Isabelle Machik Ruth Tshombe, et une nouvelle fois d’André Tshombe.
En cause : la gestion d’un immeuble situé avenue Kamanyola, à Lubumbashi dans lequel les deux héritiers susmentionnés sont accusés par les sœurs de loger des locataires sans l’accord des autres copropriétaires qui souhaitaient, selon leur avocat, vendre le bien.
Dans une réponse du 1er juin adressée au procureur général près la cour d’appel du Haut Katanga, Isabelle Machik Ruth Tshombe, également représentante du chef de l’État pour la Francophonie depuis de nombreuses années, a répondu à ces accusations et dénoncé des « procédures cavalières » destinées à « liquider et vendre certains biens » du patrimoine familial des Tshombe. Assurant ne s’être aucunement occupée de la gestion du bien en question, car étant basée à Kinshasa, elle a évoqué une « action diffamatoire ».
À la suite d’une ultime réponse de l’avocat des plaignants réunis autour de Patricia et Chantal Tsombe, le bras de fer attend toujours son dénouement. Il est en réalité l’un des volets d’un dossier successoral encore bien plus large, le patrimoine de Moïse Tshombe comprenant plusieurs propriétés.
Le 5 juillet, dans un autre courrier, Isabelle Machik Ruth Tshombe avait cette fois rejoint ses autres frères et sœurs en Belgique – dont Chantal, son adversaire dans le dossier précédent – pour s’opposer elle aussi à la procédure de vente d’un énième immeuble familial à Lubumbashi. Dans cette lettre adressée à l’acheteur du bien, c’est cette fois André Tshombe, aux côtés de qui elle avait été mise en cause dans la précédente affaire, qu’Isabelle Machik Ruth Tshombe dénonce.