Kaïs Saïed sait appuyer sur les points faibles de la transition démocratique tunisienne. Celui qui disait durant sa campagne « accepter les règles du jeu mais pas le système » s’est toujours positionné comme le chantre de la bonne gouvernance, incarnation de la probité et de la droiture. Répondant à l’un des principaux slogans de la révolution, dont l’écho revient en boucle depuis 2011, le président a ainsi fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille depuis le 25 juillet.
Aux destitutions en série des derniers jours s’ajoutent les poursuites. Des dizaines d’hommes d’affaires sont dans la ligne de mire et pourraient se voir forcés d’investir dans des projets de développement pour le pays. Une enquête a par ailleurs été ouverte concernant l’entreprise nationale aéronautique Tunisair.
Les politiques et institutions ne sont pas épargnés par ce grand ménage. La gestion de l’Instance Vérité et Dignité, désormais désactivée (elle était censée traiter des crimes du passé dans le cadre d’une justice transitionnelle à la traîne), est passée au peigne fin, tout comme celles de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) et de son ancien président Chawki Tabbib. Soupçonnés d’avoir reçu des financements étrangers pour mener leurs campagnes électorales, les partis Ennahda, Qalb Tounes et Aïch Tounsi voient aussi leurs comptes épluchés.