Selon leurs proches, le tête-à-tête d’une heure entre Alassane Ouattara (ADO) et Laurent Gbagbo fut amical et cordial. « C’était une prise de contact fraternelle », assure un intime du chef de l’État. Les deux hommes, entre qui la défiance était jusque-là très grande, ont exprimé à leur entourage leur grande satisfaction.
Ils étaient accompagnés de Fidèle Sarassoro, le directeur de cabinet d’ADO, Ibrahim Cissé Bacongo, nouveau ministre conseiller spécial du président chargé des affaires politiques, Adama Bictogo, directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Assoa Adou, secrétaire général de la branche dissidente du Front populaire ivoirien (FPI), Hubert Oulaye, cadre du FPI, et enfin Georges Armand Ouégnin, président de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS).
Rencontre avec Bédié
Le chef de l’État voulait non seulement que Laurent Gbagbo reconnaisse sa légitimité, mais aussi se présenter en homme de paix. Selon nos sources, certains de ses collaborateurs plaident pour qu’il invite ce dernier, ainsi que Henri Konan Bédié, au défilé du 7 août organisé à l’occasion de la fête nationale. Une rencontre entre ces trois figures politiques est actuellement à l’étude.
Cependant, ADO n’entend pas pour autant lancer un grand dialogue national ou ouvrir son gouvernement à l’opposition – pour le moment.
De son côté, Laurent Gbagbo a profité de l’occasion pour demander directement au président la libération d’une centaine de prisonniers jugés politiques par l’opposition. Il entend continuer à mettre la pression sur ce dernier pour qu’il ouvre le jeu et permette à l’opposition de s’exprimer plus librement.
Discrets intermédiaires
Lors d’un premier échange téléphonique, le 7 juillet, l’ancien président avait d’abord exprimé officiellement son souhait de rencontrer son aîné. Lors d’un second appel, le 19 juillet, cette fois à l’initiative d’Alassane Ouattara, rendez-vous avait été fixé au 27 – la date du 28, également évoquée, n’a finalement pas été retenue. Entre-temps, de discrets intermédiaires avaient œuvré pour détendre l’atmosphère. Les présidents congolais Félix Tshisekedi et togolais Faure Essozimna Gnassingbé ont de leur côté fait passer quelques messages en ce sens.
Enfin, toujours selon nos informations, Dominique Ouattara et Nady Bamba ont elles aussi joué un rôle important dans l’organisation de cette entrevue. La seconde épouse de Laurent Gbagbo a pris l’initiative d’appeler la première dame afin de se présenter. Laquelle l’a ensuite invitée à partager un café le 13 juillet.