Politique

Nizar Baraka : « Le PJD a aggravé les inégalités entre Marocains »

Critique envers le gouvernement El Othmani, le chef de l’Istiqlal espère arriver en tête des législatives de septembre. Entretien.

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Mis à jour le 30 juillet 2021 à 16:37

Nizar Baraka, au siège de l’Istiqlal, à Rabat, le 14 juillet 2021. © Naoufal Sbaoui pour JA

Le 8 septembre, trois scrutins se dérouleront dans le royaume : les législatives, les communales et les régionales. Des élections qui revêtent cette année une dimension particulière, le Maroc ayant lancé son grand chantier économique et social, avec l’ambition de devenir un pays émergent d’ici à 2030. Pour y parvenir, le rapport sur le nouveau modèle de développement, remis à Mohammed VI le 25 mai, préconise des réformes axées sur l’éducation, la santé, la réduction des inégalités ou la lutte contre l’économie de rente.

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Pour organiser et conduire ce chantier au cours des cinq prochaines années, quatre formations politiques sont dans les starting-blocks : le Parti de la justice et du développement (PJD), qui, malgré l’usure du pouvoir, garde toutes ses chances ; le Parti authenticité et modernité (PAM), deuxième force politique du pays ; le Rassemblement national des indépendants (RNI) d’Aziz Akhannouch, et l’Istiqlal de Nizar Baraka.

Mais, déjà, dans les salons de Rabat et de Casablanca, Baraka est présenté comme « l’homme de la situation ». Aux yeux de beaucoup en effet une nouvelle victoire du PJD diluerait l’effet de renouveau du modèle de développement promu par le roi ; Aziz Akhannouch, le patron du RNI, demeure, malgré sa compétence, une personnalité clivante ; enfin, malgré son aggiornamento, le PAM garde l’image d’un parti hégémonique. Dans cette configuration, les astres semblent alignés en faveur de l’Istiqlal, qui, après plus de sept années dans l’opposition, est l’un des rares mouvements à bénéficier encore d’une image positive.

Prestigieuse descendance

Petit-fils d’Allal El Fassi, figure emblématique du nationalisme marocain, et descendant du saint Moulay Abdeslam Ben Mchich Alami (lui-même descendant du chérif Moulay Idriss, fondateur de l’État marocain au IXe siècle), Nizar Baraka, 57 ans, combine subtilement ancrage traditionnel, légitimité politique et profil technocratique. Il paraît donc le mieux placé pour diriger le futur gouvernement.

Docteur en économie, il a passé l’essentiel de sa carrière au ministère des Finances avant d’être nommé ministre des Affaires générales et économiques, en 2007, sous le gouvernement istiqlalien d’Abbas El Fassi, son beau-père. Sa parfaite connaissance des dossiers économiques et sociaux lui valait alors d’être considéré comme une sorte de vice-Premier ministre.

Nizar Baraka a ensuite été ministre des Finances au sein du gouvernement Benkirane, auquel son parti a brièvement participé.

Travail de terrain

En 2013, changement de décor : à l’initiative de Hamid Chabat, son nouveau secrétaire général, l’Istiqlal quitte le gouvernement islamiste. Baraka s’incline, malgré son désaccord.

Il n’abandonne pas pour autant la sphère publique, le roi l’ayant nommé, cette même année, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Un poste qu’il occupe jusqu’au jour où il est appelé à la rescousse de l’Istiqlal, qui a subi une cuisante défaite aux élections législatives de 2016. Baraka entreprend alors un travail de terrain, remobilisant les militants et restructurant le parti.

Avec un programme qu’il veut « égalitaire » sur le plan social comme sur le plan économique, à rebours de « l’ultralibéralisme des anciens gouvernements », Nizar Baraka veut aujourd’hui incarner l’alternance. Entretien exclusif.

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Jeune Afrique : Votre ambition est d’arriver premier aux législatives pour qu’il y ait alternance, après dix ans de gouvernance du PJD. Cet objectif est-il réaliste ?  

Nizar Baraka : L’alternance démocratique s’impose à plus d’un titre. Le Maroc a subi de plein fouet la crise du Covid, qui a mis à nu les failles de son tissu économique et les fragilités de son tissu social, aggravées par l’actuel gouvernement.

Il est donc essentiel que le pays renoue avec une dynamique de croissance soutenue et relève les défis liés aux effets de la pandémie. Sous l’impulsion du souverain, le royaume s’est engagé dans la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement. Celui-ci implique un changement significatif en matière de conduite des politiques publiques.

L’alternance permettra d’améliorer les conditions de vie de la population. »

Dans ce contexte, l’Istiqlal s’est engagé à procéder à des ruptures importantes qui permettront d’assurer ce saut qualitatif. Nous comptons mettre à profit notre expérience gouvernementale réussie pour enclencher cette dynamique. L’alternance permettra de retrouver la confiance et d’améliorer les conditions de vie de la population.

Vous avez une quarantaine de sièges au Parlement. Pour arriver premier en septembre, il vous faudra passer le seuil des 80 sièges. Comment comptez-vous y parvenir ?  

L’Istiqlal a perdu 30% de ses voix lors des élections communales et législatives de 2016. Le discours populiste que tenait l’équipe dirigeante du parti à l’époque ne correspondait pas à l’image que les Marocains se faisaient de l’Istiqlal et de ses valeurs. Lors des élections de 2016, l’Istiqlal n’était parvenu à présenter des candidats que dans 54% des circonscriptions, contre 80% à 90%, voire 100% dans le passé.

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Opposer responsables politiques et technocrates relève d’une lecture passéiste. »

Depuis le congrès de 2017 [au cours duquel Nizar Baraka est devenu secrétaire général du parti], nous avons travaillé à retrouver notre place sur l’échiquier politique en tenant un discours serein et en proposant des solutions, au plus près des attentes des citoyens. Nous avons aussi œuvré à restructurer notre organisation territoriale, ce qui nous permet de couvrir l’essentiel, voire la totalité des communes. Enfin, nous avons tout fait pour attirer de nouvelles compétences, c’est-à-dire des personnalités qui se retrouvent dans notre discours et sont prêtes à porter notre projet.

Ces derniers mois, plusieurs chantiers structurants ont été lancés, tels que la généralisation de la protection sociale ou la grande réforme de l’administration et des entreprises publiques. N’y a-t-il pas besoin d’un gouvernement de technocrates pour mener à bien ces projets ?

C’est une lecture passéiste, une vision manichéenne qui laisse entendre que les responsables politiques et les technocrates sont en conflit permanent. Aujourd’hui, l’Istiqlal regorge de personnalités tout à fait à même de conduire les réformes, comme l’a déjà démontré notre action au sein des gouvernements précédents.

Les faits sont têtus : sous le mandat d’El Othmani, la situation des classes moyennes s’est dégradée. »

J’ajoute que cette lecture passéiste rejette le choix démocratique conforté par la Constitution de 2011, laquelle établit très clairement un lien entre responsabilité et reddition des comptes. À qui un technocrate rendrait-il des comptes, puisqu’il n’est pas responsable devant le peuple ?

Il faut dépasser cette logique. Nous avons plutôt besoin de techno-politiques au gouvernement. Il s’agit, en fait, de concilier la vision politique, la capacité à mobiliser, à expliquer et à faire adhérer la population à un projet global pour pouvoir mener à bien les réformes qui s’imposent tout en ayant la légitimité populaire et les compétences requises. Il est nécessaire d’ouvrir la voie à ce type de profils.

Nizar Baraka, tout juste élu secrétaire général de l'Istiqlal, s'entretient avec Mohammed VI, au palais de Rabat, le 25 octobre 2017. © MAP

Nizar Baraka, tout juste élu secrétaire général de l'Istiqlal, s'entretient avec Mohammed VI, au palais de Rabat, le 25 octobre 2017. © MAP

Vous avez bâti une grande partie de votre discours de campagne sur la dénonciation de l’ultralibéralisme et de la théorie du ruissellement que promeut l’actuel gouvernement et son prédécesseur, en visant tout particulièrement le couple PJD-RNI. Saâdeddine El Othmani a réfuté ces accusations, en présentant au contraire son exécutif comme un gouvernement social, chiffres à l’appui…

Les faits sont têtus : sous son mandat, les inégalités sociales se sont aggravées. L’indice de Gini est passé de 0,39 à 0,46. Les catégories sociales qui ont le plus bénéficié des années de croissance sont les plus aisées, pendant que les classes moyennes et les plus démunis ont vu leur situation se dégrader, avec un ralentissement du rythme de progression de leurs revenus et une baisse très nette de leur pouvoir d’achat, dont la conséquence directe est la baisse de la consommation des ménages.

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L’Istiqlal veut rompre avec l’économie de rente. »

Dans le monde rural, les inégalités de revenus ont crû de 40 % entre 2013 et 2019, donc avant la pandémie. Un certain nombre de mesures fiscales ont davantage profité aux catégories les plus aisées et aux lobbys qu’à l’ensemble de la population.

Nous dénonçons cet état de fait. Car, si le Maroc a eu besoin de favoriser l’accumulation du capital pour pouvoir créer plus de richesses et, ensuite, les redistribuer, le gouvernement actuel est resté sur cette dynamique, voire l’a aggravée au moment où il était nécessaire de procéder à une meilleure redistribution des revenus, ainsi qu’à une meilleure répartition des charges et des sacrifices faits par la population. C’est la raison pour laquelle nous avons appelé à rompre avec l’économie de rente et l’économie de privilèges pour passer à une société de droits, où chacun, en fonction de son mérite, accède au niveau de richesse qui lui revient.

Autre critique, souvent présente dans vos discours, les liaisons dangereuses entre argent et pouvoir, les conflits d’intérêt qui, selon vous, ont entaché la dernière mandature, comme on a pu le voir dans le dossier des hydrocarbures. Qui visez-vous exactement ?  

Notre démarche n’a jamais consisté à cibler des personnes. Nous réagissons par rapport à certaines politiques et à certaines situations. Ainsi, nous avons formulé une proposition de loi destinée à lutter contre les conflits d’intérêt après avoir constaté que, parfois, des mesures ont été prises pour favoriser certains lobbys proches de certains membres du gouvernement, notamment dans le domaine de la santé et des services. Or, le texte de loi qui traite de ce point est assez lâche. Mais le gouvernement El Othmani n’a pas réagi positivement à notre demande.

Notre doctrine s’inscrit dans une dynamique de libéralisme social. »

Quant au dossier des hydrocarbures, qui comporte différents aspects, il est entre les mains du Conseil de la concurrence, qui doit trancher sur sur le point de savoir s’il y a eu entente [entre les sociétés pétrolières]. Il faut donc attendre les résultats pour pouvoir en juger.

Les politiques libérales que vous dénoncez aujourd’hui ont été lancées sous le gouvernement d’Abbas El Fassi, que l’Istiqlal dirigeait, ou sous celui de Driss Jettou, auquel votre parti participait. N’y a-t-il pas là une contradiction ? Seriez-vous devenu socialiste ? 

Il n’y a pas de contradiction. Notre doctrine a toujours été l’égalitarisme économique et social, nous nous inscrivons dans la logique d’une troisième voie, entre l’ultralibéralisme et le « socialisme scientifique », dans une dynamique de libéralisme social.

Nous considérons aujourd’hui  – et c’était déjà le cas sous le gouvernement d’Abbas El Fassi – qu’il est important de réduire les inégalités et de renforcer les classes moyennes. À l’époque, les inégalités [indice Gini] étaient passées de 0,41 à 0,39.

La croissance est de 3% aujourd’hui, contre 5% quand nous étions au gouvernement. »

Nous avions baissé l’impôt sur le revenu – ce qui avait profité aux classes moyennes –, amélioré les salaires, étendu l’assurance maladie obligatoire et, surtout, élargi le panier des soins afin que tout le monde puisse bénéficier d’un « salaire » indirect… Nous avions également beaucoup œuvré en faveur du développement du monde rural et de la réduction des effets de l’inflation liée au renchérissement des cours des produits pétroliers.

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L’essentiel des politiques sectorielles a été décidé sous les gouvernements Jettou puis El Fassi. Ces politiques ont porté leurs fruits, mais sont arrivées à leur terme. Compte tenu des mutations rapides que connaît le monde, il est essentiel de s’adapter. Ce n’est pas parce qu’une politique a été lancée à un moment donné que l’on doit rester sur la même voie. Il faut être agile et faire les ajustements nécessaires afin qu’ils puissent être profitables pour le pays.

La consommation est en panne. Il faut remettre la machine en marche. »

Or, aujourd’hui, la rentabilité des investissements publics a diminué de moitié car l’équipe au pouvoir n’a pas su procéder aux ajustements pour faire en sorte que le levier de l’investissement public attire beaucoup plus d’investissements privés, nationaux ou internationaux, et crée les emplois et la valeur ajoutée attendus. C’est ce qui fait que l’on se retrouve avec un rythme de croissance de 3 % par an, alors qu’il était de 5% à l’époque où nous étions au gouvernement.

Supposons que l’Istiqlal arrive en tête et que le roi vous nomme chef du gouvernement. Quelle politique comptez-vous mettre en œuvre ces cinq prochaines années ?  

Tout d’abord, et cela nous semble essentiel, il faut des mesures de confiance. Les citoyens et les milieux économiques ont besoin de visibilité, de volontarisme et d’actions qui leur permettent de reprendre espoir. L’investissement et la consommation sont en panne. Il faut remettre la machine en marche.

En deuxième lieu, il faut adopter des mesures d’urgence pour sauver des secteurs à la dérive (tourisme, aéronautique, artisanat) ainsi que des secteurs, tels que la culture, qui souffrent de la crise et pour lesquels le gouvernement n’a pas agi suffisamment.

Troisième élément clef : mettre enfin en œuvre l’important plan de relance annoncé par le souverain. Le futur gouvernement aura la charge de le faire. Pour l’Istiqlal, il est essentiel que ce plan repose sur une restructuration du secteur public et, surtout, sur le volet « offre », qui inclut les nouveaux investissements stratégiques soutenus par le fonds Mohammed-VI.

Pour mener à bien les réformes qui s’imposent, il nous faut une équipe commando. »

S’agissant de la question de la souveraineté, qui est primordiale, il convient de renforcer notre sécurité, qu’elle soit alimentaire, sanitaire, hydrique ou énergétique, ainsi que notre souveraineté économique. Nous voulons améliorer la résilience de notre pays aussi bien face à la crise actuelle que face à d’éventuelles futures pandémies.

Nous aurons également à cœur d’accroître la cohésion sociale, en renforçant la classe moyenne et en réduisant les inégalités, spatiales ou sociales, et en favorisant les transitions écologique et numérique, créatrices de nombreux emplois.

Cela ne pourra se faire qu’avec un gouvernement homogène, une équipe commando, qui agira de manière concertée et assurera plus d’efficacité et de cohérence dans l’action publique.

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Enfin, nous comptons engager une réflexion sur les réformes politiques. Il ne faut pas attendre l’approche des élections pour revoir les lois électorales, il convient d’évaluer les dix années de la Constitution. L’objectif de cette réflexion est l’adoption de mesures qui permettront de renforcer notre positionnement en matière de droits de l’homme, d’État de droit et de consolidation démocratique.

Allal El Fassi, grand-père de Nizar Baraka et figure historique de l'Istiqlal, s'exprimant lors d'un meeting de ce parti, le 30 septembre 1956. © Roger-Viollet

Allal El Fassi, grand-père de Nizar Baraka et figure historique de l'Istiqlal, s'exprimant lors d'un meeting de ce parti, le 30 septembre 1956. © Roger-Viollet

Avec qui comptez-vous mettre en œuvre ce programme ? La configuration politique actuelle vous oblige à former des alliances pour avoir une majorité parlementaire et pouvoir gouverner…  

Toute partie prête à s’investir sincèrement dans notre programme et à faire les ruptures nécessaires afin de favoriser l’émergence du Maroc est la bienvenue.

Nous voulons poser les jalons d’une société fondée sur la confiance. »

Aujourd’hui, nous nous coordonnons avec nos amis du PAM et du PPS [Parti du progrès et du socialisme]. Si nous parvenons à obtenir la confiance des citoyens, nous nous tournerons d’abord vers les partis avec lesquels nous avons déjà cette base d’entente.

Il faudra alors nous assurer qu’ils adhèrent complètement au programme que nous voulons mettre en œuvre, car, pour rétablir la confiance des citoyens, il est essentiel que nous respections nos engagements et que notre stratégie se concrétise.

Allez-vous tracer des lignes rouges aux partis qui pourraient s’allier avec vous ? 

Tout dépend des résultats des prochaines élections. Il est évident que nous aurons besoin de plusieurs partis pour constituer une coalition nous assurant une majorité au Parlement. Dans cette optique, la notion de ligne rouge n’a pas de sens. En revanche, nous considérons que nous ne pouvons pas souscrire à la politique du ruissellement défendue par certains. Les formations qui voudront s’allier à nous devront s’inscrire dans la logique de politiques publiques que nous défendons.

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Supposons que l’Istiqlal prenne la tête du gouvernement avec ses alliés. À quoi ressemblerait le Maroc à la fin de votre mandat ?  

L’élément clef est de poser les jalons d’une société fondée sur la confiance, qui permettra au pays de se développer et redonnera de l’espoir, notamment à nos jeunes, aux femmes, aux classes moyennes et aux personnes défavorisées – l’idée étant de capitaliser sur l’ensemble des talents de la population.

En m’élisant en 2017, les militants de l’Istiqlal ont choisi ma vision, pas celle de M. Chabat. »

Le Maroc est en passe de devenir une puissance régionale. Les actions engagées par le souverain, notamment la volonté de faire du royaume une plateforme de production de vaccins, doivent être servies par un gouvernement à la hauteur de ces ambitions. Pour nous renforcer sur le plan intérieur, créer une dynamique positive et être capable de saisir les chances qui s’offrent à nous, dans le cadre du nearshoring [délocalisation d’une activité économique, dans un pays voisin], de la nouvelle division du travail et du nouvel ordre mondial.

Allez-vous personnellement vous présenter aux élections législatives ?  

Oui, inchallah, dans la circonscription de Larache.

Votre famille semble avoir une relation particulière avec cette circonscription du nord du royaume : votre oncle (et beau-père) Abbas El Fassi s’y présentait aussi…  

C’est en effet un fief du parti. J’entretiens une relation très forte avec cette région car mon père – paix à son âme – y est né. Toute ma famille a des liens étroits avec cette partie du pays, tout particulièrement avec la zaouïa de Moulay Abdeslam Ben Mchich, dont nous descendons. Nous avons donc un lien politique, mais aussi une affiliation spirituelle avec cette circonscription.

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Le retour de Hamid Chabat après une longue absence semble vous donner du fil à retordre, notamment à Fès, fief historique de l’Istiqlal, où il vous a obligé à dissoudre toutes les structures partisanes. Comment allez-vous gérer ce cas ?   

Les choses sont claires : l’Istiqlal a fait sa mue et les militants ont fait un choix clair. En m’élisant à la tête du parti en 2017, ils ont opté, non pour la vision de M. Chabat, mais pour celle que j’ai proposée et qu’on a appliquée sur tout le territoire. Il n’y a pas de raison que Fès échappe à cette dynamique de renouveau, à cette volonté de renouvellement des élites.

J’ai adhéré à l’Istiqlal, à l’âge de 17 ans, par conviction personnelle. »

Concrètement, aujourd’hui, M. Chabat n’a pas déposé sa candidature à un siège de parlementaire à Fès. Et en ce qui concerne les communales, nous avons fait le choix de faire confiance aux nouvelles élites du parti.

Vous êtes le petit-fils d’Allal El Fassi. Dans quelle mesure cette filiation a-t-elle influencé votre engagement politique ?  

J’ai baigné dans une famille istiqlalienne. Mon grand-père était l’un des principaux leaders du parti, cela a forcément contribué à mon intérêt pour la chose politique et à mon engagement pour le bien du pays. Mais le choix de l’Istiqlal, je l’ai fait à 17 ans par conviction personnelle. Après avoir passé en revue l’offre des différentes formations politiques de l’époque, je me suis retrouvé dans les idéaux de ce parti, que j’ai travaillé ensuite à faire connaître en tant que militant.