Les secrets des « noces de diamant » entre De Beers et le Botswana

Classé au deuxième rang mondial des producteurs de pierres, Gaborone, appuyé par le diamantaire sud-africain, a décidé de construire son propre centre de tri et de commercialisation.

Un « sightholder » évalue une sélection de pierres brutes. Les valoriser est crucial pour cet État dont la filière pèse plus  40% de son PIB. © Chris Ratcliffe/Bloomberg via Getty Images

Un « sightholder » évalue une sélection de pierres brutes. Les valoriser est crucial pour cet État dont la filière pèse plus 40% de son PIB. © Chris Ratcliffe/Bloomberg via Getty Images

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 20 juillet 2021 Lecture : 2 minutes.

Vue d’une usine de taille de diamants dans la capitale du Botswana, Gaborone, le 10 novembre 2006. © Joan Sullivan/REUTERS
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Avec quatre gisements parmi les plus riches au monde, la production de diamants du Botswana représentait jusqu’en 2019 autour de 24,2 millions de carats, ce qui classait Gaborone au deuxième rang mondial des producteurs, derrière la Russie. Pas moins de 65 % de l’approvisionnement de la compagnie De Beers, partenaire privilégié du pays depuis son indépendance en 1966, est extrait des sites diamantifères du pays.

Le groupe, né en Afrique du Sud, filiale d’Anglo American, est actionnaire à 50 % avec l’État de deux entreprises : Debswana, chargée de l’exploitation des quatre mines, et Diamond Trading Company Botswana (DTCB), fondée pour valoriser les diamants. Pour ce pays d’Afrique australe semi-désertique et peuplé de seulement 2,3 millions d’habitants, la plue-value de ses diamants est une question cruciale : la filière pèse plus de 40 % du PIB du pays.

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Partenariat avec De Beers

En 2006, pour augmenter la valeur ajoutée localement, le Botswana a décidé de construire son propre centre de tri pour ses diamants. Installés à proximité de l’aéroport de Gaborone dans un bâtiment ultra-sécurisé de DTCB, plus de 230 trieurs – tous botswanais – y classent les pierres précieuses dans l’une des 250 catégories de diamants bruts instituées par De Beers en fonction des « 4 C »: carat [taille], clarté, couleur et coupe. Tous sont passés par la Diamond Academy, une formation maison de six mois organisée sur site.

Après le tri, la coentreprise, entre De Beers et l’État, est passée en 2011 à la seconde étape de son programme de valorisation locale avec la commercialisation de diamants. Depuis, les pierres brutes qui sortent du centre de tri ne sont plus expédiées à Londres, mais la supervision de la taille puis de la vente est pilotée depuis Gaborone par 92 sightholders locaux (évaluateurs du potentiel commercial des pierres) qui ont été formés pendant cinq à dix ans par leurs prédécesseurs britanniques qui officiaient auparavant à Londres.

Gaborone, capitale du diamant

Chaque sightholder se spécialise sur un segment du marché défini par la nomenclature maison, qui compte 11 000 sous-catégories : des diamants taillés destinés à l’industrie, pour la découpe ou la gravure, et vendus autour de 30 centimes le carat, aux plus belles pierres de grande taille et de couleur rare utilisées par la haute joaillerie, et dont le prix peut aller jusqu’à 1 million de dollars le carat.

Désormais, les diamants triés issus des mines botswanaises gérées par De Beers, mais aussi ceux de Namibie, d’Afrique du Sud et du Canada, arrivent en avion à Gaborone et sont commercialisés à partir de là. Si l’installation au Botswana des sightholders a été encouragée par les autorités du pays, soucieuses de remonter la chaîne de valeur et de favoriser l’emploi local, elle répond aussi et surtout à une logique économique, logistique et sécuritaire pour De Beers.

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Les deux tiers de la production provenant du Botswana, il était cohérent de choisir ce pays pour y rassembler les pierres : moins de trajets pour les diamants, ce qui signifie moins de dépenses, et un risque réduit de perte ou de vol.

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