Centrafrique : « Le conflit entre la France et la Russie ne nous regarde pas »

Alors que la France a officialisé la suspension d’une partie de son aide à la Centrafrique, le fossé se creuse entre Paris et Bangui, qui a misé sur un rapprochement avec la Russie. Cette situation est-elle irrémédiable ? La ministre des Affaires étrangères centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon, répond aux questions de « Jeune Afrique ». 

Faustin-Archange Touadéra, lors d’un meeting, sous la protection d’un mercenaire russe (au premier plan, à droite), le 19 décembre 2020 lors de la campagne présidentielle à Bangui. © REUTERS/Antonie Rolland

Faustin-Archange Touadéra, lors d’un meeting, sous la protection d’un mercenaire russe (au premier plan, à droite), le 19 décembre 2020 lors de la campagne présidentielle à Bangui. © REUTERS/Antonie Rolland

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 11 juin 2021 Lecture : 4 minutes.

La rumeur s’amplifiait ces dernières semaines. L’annonce est désormais officielle : le ministère des Armées français a annoncé, ce 9 juin, que Paris allait suspendre son aide et sa coopération militaires avec la Centrafrique, « en raison des campagnes de désinformation visant des représentants français ». Le ministère a précisé que la France avait supprimé 10 millions d’euros d’aide budgétaire et stoppé toute coopération militaire directe. 

Cette sanction, pour le moment temporaire, s’inscrit dans un contexte de tensions entre Bangui et Paris, qui s’alarme depuis des mois de l’influence grandissante de la Russie sur le gouvernement centrafricain. La décision a été prise alors que le Premier ministre, Firmin Ngrebada, revenait d’une visite au forum économique de Saint-Pétersbourg, au retour de laquelle il a d’ailleurs été accueilli à l’aéroport de Bangui par Dmitriy Sytyi, un citoyen russe bien connu des Centrafricains et lié à la société de sécurité privée Wagner. 

Officiellement, la société Wagner n’exerce pas en Centrafrique, où seuls des instructeurs russes coopèrent avec l’armée centrafricaine. Mais, selon de nombreuses sources, cette entreprise liée à Evgeny Prigozhin, emploierait jusqu’à 3 000 hommes en territoire centrafricain et serait connectée à plusieurs sociétés minières de droit local. 

Bangui a-t-elle définitivement choisi Moscou au détriment de Paris ? Quelle est la position du gouvernement sur la présence de mercenaires sur son sol ? La ministre des Affaires étrangères centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon, répond à nos questions.

La ministre des Affaires étrangères centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon. © MAE République Centrafricaine

La ministre des Affaires étrangères centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon. © MAE République Centrafricaine

Jeune Afrique : La France a décidé de suspendre une partie de son aide à la Centrafrique. Est-ce une surprise ? 

Sylvie Baïpo-Temon : Non. C’est une information dont nous avions entendu parler depuis quelques semaines, en coulisses. Mais, jusqu’ici, rien ne nous avait été dit officiellement. Il y a deux semaines, j’ai voulu clarifier la situation et j’ai écrit à l’ambassade de France à Bangui pour demander un éclaircissement de la position française. Je n’ai pas eu de réponse. Aujourd’hui, c’est clair. 

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Cette décision française est déplorable et je tiens à dire qu’elle a été prise malgré les efforts de la Centrafrique, qui a toujours souhaité maintenir avec la France une coopération utile. Notre relation avec Paris est essentielle et a toujours été naturelle. Lors de chaque crise que nous avons affrontée, nous nous sommes tournés vers la France.

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