Soudan du Sud : le plus jeune État du monde a dix ans
Il y a dix ans, le 54e pays d’Afrique voyait officiellement le jour. Mais cette première décennie a été à l’image des précédentes : tumultueuse.
« Le 9 juillet 2011, nous étions heureux. Heureux d’être libres, enfin, et optimistes. On le voit sur les images de l’époque. » Professeur à l’université de Djouba, la capitale sud-soudanaise, Leben Moro garde un souvenir précis du contexte dans lequel son pays a accédé à l’indépendance. « Il y avait eu trop de problèmes, poursuit-il. Les morts, les maladies, la loi islamique imposée par Khartoum, les réfugiés… Moi-même, j’ai vécu en Ouganda, puis en Égypte. Ma famille n’est revenue au pays qu’après la fin de la guerre, en 2009. Nous pensions vraiment qu’avec l’indépendance, nous serions sauvés de nos problèmes, que nous laisserions tout ça derrière nous. »
Un Soudan uni chaotique
Il est vrai que jusqu’alors, l’histoire du Soudan uni avait été pour le moins chaotique. Une première guerre civile avait éclaté dès l’indépendance, concédée par les Britanniques en 1956, et avait duré plus de quinze ans. Une seconde avait démarré en 1983, mettant aux prises le pouvoir de Khartoum et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), sudiste, de John Garang. Les combats meurtriers avaient duré jusqu’en 2002, année du cessez-le-feu. Puis, la paix avait été conclue en 2005, accordant au sud du pays – majoritairement chrétien – une autonomie renforcée et prévoyant pour 2011 un référendum d’autodétermination, dont le résultat fut sans appel (98,93 % de suffrages en faveur d’un État séparé). C’était ce processus qui s’achevait ce 9 juillet 2011.
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