Politique

Réouverture des frontières algériennes : pas de traitement de faveur pour les étrangers

Au premier jour de la réouverture partielle des frontières, seule la compagnie Air Algérie est autorisée à desservir les vols depuis et vers l’Algérie. Une rumeur enfle sur les conditions d’arrivée dans le pays et l’inégalité de traitement entre Algériens et étrangers.

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Mis à jour le 1 juin 2021 à 19:46

Un Boeing 737 de la compagnie Air Algérie (image d’illustration). © Alec Wilson / Flickr / CC

Sur le panneau d’affichage des vols au départ de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, Air France emmène ses clients un peu partout dans le monde, sauf en Algérie. Ce 1er juin, date officielle de la réouverture partielle des frontières, fermées depuis le 17 mars 2020 en raison de la pandémie, la compagnie française ne dessert pas Alger.

Au guichet de l’aéroport de Roissy, aucun voyageur vers cette destination ne s’est présenté, pour la bonne raison qu’Air France ne dessert plus la capitale algérienne. Son dernier vol dit de rapatriement a eu lieu le 31 mai, veille de la réouverture partielle qui provoque une tempête aussi bien en Algérie qu’à l’étranger, en raison des nouvelles restrictions imposées par le gouvernement algérien.

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Depuis la fermeture des frontières aériennes de l’Algérie en mars 2020, certaines compagnies étrangères comme Air France, ASL Airlines ou Qatar Airways ont été autorisées à effectuer des vols spéciaux à la condition que le voyageur présente un test anti-Covid de moins de 72 heures et soit détenteur d’une autorisation spéciale délivrée par le ministère algérien de l’Intérieur.

Les compagnies étrangères ont décidé ou ont été instruites de suspendre les vols commerciaux depuis et en direction de l’Algérie

« Le voyageur qui ne présente pas cette autorisation ne peut pas acheter un billet auprès de notre compagnie », affirme une source au sein de la direction de la communication d’Air France. Finie donc l’autorisation spéciale, alors que les compagnies étrangères ont décidé ou ont été instruites de suspendre les vols commerciaux depuis et en direction de l’Algérie. Contactée par Jeune Afrique, Air France indique avoir suspendu les vols commerciaux en direction de l’Algérie en concertation avec les autorités algériennes, en attendant l’évolution de la situation avant de décider d’une éventuelle reprise.

Pas de vols Air France

Au guichet d’Air France à Roissy, une employée explique que les vols vers l’Algérie ne reprendront qu’à partir du 22 juin. Air France envoie des avions sans passagers vers l’Algérie, avant d’opérer des vols de rapatriement vers la France. Sur le site d’Air France, impossible d’effectuer une réservation vers les aéroports d’Algérie avant cette date.

Davantage que la cherté du billet ce sont les règles sanitaires imposées pour rentrer qui passent très mal

Idem pour les deux autres compagnies, ASL Airlines et Qatar Airways, autorisées jusque-là à desservir l’Algérie. Sur le site internet de ASL, aucune réservation pour Alger n’est possible avant le 17 juin. Pour Qatar Airways, tous les vols de Doha vers Alger sont indisponibles durant le mois de juin.

L’annonce de la réouverture partielle des frontières a aussitôt soulevé un vague d’indignation, de colère et de protestation de la part des Algériens établis au pays ou résidant à l’étranger. Davantage que la cherté du billet – le voyage Alger-Paris peut coûter par exemple 518 euros – ce sont les règles sanitaires (test RT-PCR de moins de 36 heures, confinement obligatoire dans un hôtel pendant 5 jours et paiement à l’avance de tous les frais liés à ce dispositif) imposées pour rentrer qui passent très mal.

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Les Algériens n’ont eu de cesse de dénoncer cette fermeture, allant jusqu’à comparer leur pays à la Corée du Nord, la destination la plus fermée au monde. Et leur ressentiment à l’égard des responsables s’est accentué dans la mesure où la suspension des liaisons aériennes, maritimes et terrestres interdit aux familles de se rendre au pays pour assister aux funérailles de leurs proches, de rendre visite aux malades ou d’y effectuer des voyages d’affaires.

Les vols de rapatriement, organisés au compte-gouttes, ont été suspendus début mars 2021 après l’apparition des variants britanniques et indiens. Toutefois, cette fermeture à double tour n’a pas empêché certains d’obtenir des autorisations d’entrée ou de sortie, y compris pour des motifs qui ne sont pas impérieux.

Monopole ?

À ce chapelet de récriminations s’ajoutent donc aujourd’hui les nouvelles mesures de confinement obligatoire à compter du 1er juin. Mais le cafouillage et le manque de transparence depuis l’annonce de la réouverture ont donné libre cours aux spéculations qui alimentent encore davantage cette indignation. L’une de ces rumeurs, largement relayée sur les réseaux sociaux, serait liée au supposé traitement de faveur réservé aux ressortissants étrangers qui souhaitent se rendre en Algérie à bord de compagnies étrangères. Contrairement aux Algériens qui devraient se soumettre à un confinement obligatoire de cinq jours, ceux-ci seraient ainsi exempts de cette obligation, de l’acquittement des frais liés à l’hébergement ainsi que la présentation d’un test PCR de moins de 36 heures. Les autorités algériennes auraient-elles instauré deux collèges de voyageurs ? Il n’en est rien.

Alger a imposé ce dispositif et en a délégué la gestion à Air Algérie, seule compagnie aérienne qui semble autorisée à faire atterrir ses appareils sur le sol algérien, du moins jusqu’au 22 juin. Un monopole sur les vols commerciaux en direction de l’Algérie aurait-il été accordé ? Toutes nos tentatives de joindre la compagnie nationale, le Premier ministère ou encore le ministère de la Communication sont restées sans réponse.