Mali – Soumeylou Boubèye Maïga : « Bah N’Daw tirait sa légitimité des militaires »

« Pragmatique ». Ainsi se définit l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga au lendemain du deuxième coup d’État au Mali, en moins d’un an. Il estime que sa candidature à la future présidentielle sera « dans l’ordre des choses ».

Soumeylou Boubèye Maiga , Premier ministre Malien © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Soumeylou Boubèye Maiga , Premier ministre Malien © Emmanuel Daou Bakary pour JA

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Publié le 31 mai 2021 Lecture : 8 minutes.

Ancien Premier ministre d’un pays qui vient de subir un deuxième coup d’État en moins d’un an, Soumeylou Boubèye Maïga se veut « pragmatique ». La décision de la Cedeao de suspendre le Mali de ses instances, mais l’absence de mise en place de sanctions économiques et la reconnaissance du coup de force mené par Assimi Goïta contre Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane, ne semble pas l’émouvoir outre mesure. S’il juge qu’il aurait été « idéal de rester attaché à la charte de la transition », il estime aussi que, dans le contexte, l’essentiel est « d’avancer ».

Bah N’Daw, désormais écarté du pouvoir, ne trouve aucune grâce à ses yeux. Il « n’a rien fait depuis qu’il a prêté serment », lâche même l’ancien président de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP). À un an de l’échéance fixée par la charte de la transition, Soumeylou Boubèye Maïga est pressé de tourner cette page. Depuis plusieurs semaines, il semble déjà lancé dans la campagne pour la présidentielle qui doit se tenir à l’issue de la transition.

L’ancien Premier ministre multiplie les tournées à l’intérieur du pays : Kayes, Koulikoro, et, tout récemment, Nioro du Sahel, où il a tenté de renouer avec le chérif Bouyé Haidara. L’influent chef religieux, avec lequel il a longtemps entretenu des relations en dents de scie, avait été parmi les plus critiques à son égard, avant que Boubèye Maïga, visé par une motion de censure, ne finisse par jeter l’éponge et quitter la primature, en avril 2019.

Si l’on ne peut encore vraiment parler de réconciliation, peu de choses ayant filtré de l’échange entre les deux hommes, le simple fait que le chérif de Nioro ait accepté de le recevoir vaut signe d’apaisement, alors que Soumeylou Boubèye Maïga – considéré comme clivant et, en partie, isolé sur une scène politique en pleine recomposition – est engagé dans une véritable « opération de séduction » tous azimuts. Ce dernier assure d’ailleurs n’avoir « jamais été en conflit » avec le chérif de Nioro.

Nouveau coup de force des militaires, discussions autour de la nomination du futur Premier ministre de transition, avancée du processus électoral… Soumeylou Boubèye Maïga nous a reçu dans sa villa du quartier du Fleuve pour livrer sa vision de la crise politique et ses propres pistes de solution, alors que Bamako bruisse des rumeurs sur la manière dont va – ou doit – se dérouler la prochaine phase de la transition.

Jeune Afrique : Dimanche, à l’issue du sommet extraordinaire à Accra, les chefs d’État de la Cedeao ont suspendu le Mali de leurs instances, mais n’ont pas décidé de mettre en place de sanctions économiques. Ces décisions vous semblent-elles satisfaisantes ?

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Soumeylou Boubèye Maiga : En réalité, la sanction prise n’est pas nouvelle. Même si elle n’a pas été appliquée en août dernier [2020], elle correspond au dispositif habituel de la Cedeao lors d’un coup d’État. Par ailleurs, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt qui confère à Assimi Goïta le statut de président de la République. À l’intérieur, comme à l’extérieur du pays, nous avons fait preuve de pragmatisme.

L’idéal aurait été de rester attaché à la charte de la transition telle qu’elle a été adoptée. Mais à ce stade, il ne sert à rien de vouloir un civil ou un militaire à la présidence. Le principal est de trouver l’unité au sein de l’exécutif et d’avancer pour sortir de la transition.

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