GardeRapprochée MarocXXX-05
Avec une fortune estimée par l’américain Forbes à 1,3 milliard d’euros, « Sir » Othman Benjelloun est le deuxième homme le plus riche du royaume. Et le quinzième d’Afrique. Ses deux holdings de tête, FinanceCom et HBM, réunies début mai en une structure globale, O Capital Group, constituent un vaste empire, qui s’étend de la banque au transport en passant par l’assurance, les nouvelles technologies, l’agriculture ou encore l’hôtellerie.
Mais au-delà de son poids dans le business au Maroc et en Afrique subsaharienne, le milliardaire marocain a quasiment la stature d’un homme d’État. Il a tissé un réseau international tentaculaire, qui va de la famille royale d’Angleterre aux dirigeants africains, en passant par les pontes de l’Empire du milieu ou les Rockefeller.
« Pour ma part, je demande toujours conseil [à Othman Benjelloun] quant à ma manière d’agir vis-à-vis du Maroc », raconte l’ancien-secrétaire d’État américain Henry Kissinger dans Comme si Othman Benjelloun nous était conté (Ed. Fondation Esprit de Fès, 2010). Et d’ajouter au sujet de celui qu’il considère comme un ami : « Il voit grand, et c’est pour cette raison qu’il a eu un succès exceptionnel ». Benjelloun est conseiller, depuis 1981, au Center for strategic international studies de Washington (CSIS), présidé par Kissinger. En 2013, cette institution lui a d’ailleurs octroyé la prestigieuse distinction Honorary Trustee.
Dans ce même ouvrage, l’ex-chef de l’État sénégalais Abdoulaye Wade qualifie le milliardaire de « véritable héros vivant ».
De toute évidence, Othman Benjelloun ne compte pas prendre sa retraite. Le 18 mai, le président de O Capital Group, qui aura 90 ans en novembre, a confié à un média marocain : « Le mot retraite ne fait pas partie de mon vocabulaire. Dans notre famille, on travaille tant qu’on a la capacité de le faire ».
Toujours fringant, cheveux gris platine plaqués en arrière, wissam alaouite à la boutonnière, celui que tous ses collaborateurs appellent « président » (sans « Monsieur ») s’active à la réalisation de plusieurs projets qui lui tiennent à cœur, et se passionne pour toutes sortes d’innovations technologiques comme le robot humanoïde Nao. On dit que ce dernier, qui avait notamment accueilli le public lors de la présentation des résultats du groupe en 2015, apporterait tous les matins le café et les journaux au « président » dans son bureau du 8e étage de l’avenue Hassan II, à Casablanca.
La gestion de son groupe par Othman Benjelloun est très verrouillée. Voici les hommes et les femmes de confiance du milliardaire marocain.
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Othman Benjelloun forme avec son épouse, Leïla Mezian Benjelloun, un couple emblématique. Lui, le fils d’industriel fassi qui a fait fortune en commerçant avec l’Angleterre dans les années 1940, elle, la fille du puissant maréchal Mezian, cofondateur des Forces armées royales (FAR), dont l’histoire est enracinée dans le Rif, sont un symbole de ce brassage quasiment impossible au royaume entre familles fassies et berbères. Un genre de Roméo et Juliette à la marocaine, mariés en 1960 et dont la complicité ne s’est jamais démentie au fil des années.
Chirurgienne ophtalmologue de métier, Leïla Mezian préside depuis 1995 la Fondation BMCE Bank (active au Maroc mais aussi à Djibouti, en RDC, au Mali, au Rwanda et au Sénégal) auquel Benjelloun consacre chaque année 4 % des bénéfices nets de son empire bancaire et qui a pour objectif de promouvoir l’éducation dans les milieux défavorisés, à travers le programme Medersat.com. Un engagement pour lequel elle a été primée, avec son mari, par le Washington Middle East Institute en novembre 2019 en tant que « personnalités visionnaires ». Et, en 2016, par le « Rockefeller Bridging Leadership Award », attribué par la Fondation Rockefeller – un prix qui fut également attribué aux anciens présidents Bill Clinton, Barack Obama et Nelson Mandela.
Aux côtés de ces activités philanthropiques, avec leur fille Dounia, productrice de films documentaires, et leur fils Kamal, anthropologue, Leïla Benjelloun fait partie du tour de table de la holding O Capital Group.
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Bras droit du président, numéro deux du groupe bancaire Bank of Africa, Brahim Benjelloun-Touimi est l’un des hommes les plus proches de Sir Benjelloun. Sa fidélité et son abnégation à son égard sont de notoriété publique.
« La première fois que j’ai rencontré président Benjelloun, c’était au moment de la passation de pouvoirs avec Abdellatif Jouahri [devenu depuis gouverneur de Bank al-Maghrib, la banque centrale du royaume] en 1995. Depuis, on ne s’est plus quittés. Il a pris trois mois pour me tester, il m’a fait passer des épreuves avant de m’appeler pour travailler à ses côtés. Et je l’ai accompagné dans tous les chantiers de la banque depuis sa privatisation », avait confié à Jeune Afrique celui qui, malgré une homonymie, n’a aucun lien familial avec le milliardaire marocain.
En plus d’assurer la gestion du groupe bancaire, présent dans 18 pays africains, Benjelloun-Touimi est aussi l’un des conseillers et confidents les plus proches du « président ». Ils sont en contact permanent, via les réunions directes, mais aussi par messages ou par le biais de notes écrites que lui rédige Touimi quotidiennement pour le tenir informé. Passionné de lettres, d’histoire et de poésie, ce fils d’un grand nationaliste marocain est également la plume d’Othman Benjelloun, connu pour ses discours au cachet très littéraire.
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Après avoir d’abord travaillé avec Benjelloun dans sa holding de tête FinanceCom, Zouheir Bensaid, 61 ans, est depuis 2011 le patron du vaisseau amiral du groupe, signe de la confiance dont il jouit auprès du président.
Dans l’empire financier d’Othman Benjelloun, la Royale marocaine d’assurance (RMA) occupe en effet une place clé. C’est grâce à son rachat en 1988 que l’homme d’affaires marocain effectue ses premiers pas dans la finance. Et c’est à travers elle qu’il prendra plus tard le contrôle de BMCE Bank.
Deuxième assureur du pays, RMA est aussi l’instrument par lequel Othman Benjelloun étend son influence dans le milieu des affaires, à coup de prises de participations minoritaires ici et là et de coups boursiers bien étudiés. Dans tous ces dossiers, Zouheir Bensaid est présent. Rigoureux, organisé, loyal et surtout brillant financier, cet ancien de la CitiBank est présenté comme le lieutenant de Sir Benjelloun sur les marchés financiers. Et l’un de ses représentants dans tous les conseils d’administration où le groupe est présent. Une position très enviée dans le groupe.
GardeRapprochée MarocXXX-03
Être le dirigeant de la holding familiale d’Othman Benjelloun n’est pas une position à laquelle le premier venu peut prétendre. Cette fonction est aujourd’hui occupée par Hicham El Amrani. Ancien DG de FinanceCom, il est devenu l’administrateur directeur général de O Capital Group, qui réunit actuellement toutes les participations de Benjelloun dans le milieu des affaires. Et dont les seuls actionnaires sont ce dernier, son épouse et leurs deux enfants.
Diplômé de l’école Hassania des Travaux Publics, de la Southern New Hampshire University et de Yale, Hicham El Amrani a été la cheville ouvrière de toutes les grandes opérations d’acquisition, de LBO (Leveraged buy-out), de levées financières, de fusions, de cessions et d’ingénierie financière menées par le groupe, qu’il a rejoint en 1997.
GardeRapprochée MarocXXX-07
Ancien ministre (du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, en charge des relations avec la CEE, etc. ) et ambassadeur sous Hassan II, Azeddine Guessous est devenu au fil du temps un des hommes de confiance d’Othman Benjelloun, et un de ses proches amis et confidents. Depuis qu’il a quitté ses fonctions gouvernementales, l’homme, qui ne cache pas son admiration pour ce dernier, l’assiste dans toutes ses affaires.
Il est l’un des rares que l’on retrouve dans les conseils d’administration de toutes les filiales de l’empire financier du milliardaire.