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Économie

Hydro-électricité : ce que le Québec peut apporter à l’Afrique

Très présents en Afrique, les cabinets de génie-conseil québécois perpétuent l’héritage de l’opérateur historique Hydro-Québec pour mettre en valeur le potentiel « bleu » du continent.

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Mis à jour le 16 juin 2021 à 10:40

Aménagement hydroélectrique Robert-Bourassa, dans le nord du Québec. © Hydro-québec

S’il existe un domaine où le savoir-faire québécois intéresse particulièrement l’Afrique, c’est bien celui de l’hydroélectricité et, par extension, des sources d’énergies renouvelables en général.

L’hydroélectricité est pour le Québec l’équivalent du nucléaire pour la France

Pour des réalités tant géographiques que démographiques, parfois pas si éloignées de celles d’une partie du continent – un immense territoire traversé de nombreux cours d’eau et organisé autour de quelques gros bassins de population ou de gisements miniers –, le Québec a donc misé sur ses fleuves pour répondre à ses besoins électriques à hauteur de 99 %.

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« L’hydroélectricité est pour le Québec l’équivalent du nucléaire pour la France, avec Hydro-Québec dans le rôle d’EDF », explique Yvan Cliche, ancien du fleuron québécois, également passé par la Banque africaine de développement (BAD) en tant que consultant.

Tarifs les plus bas

Très vite, Hydro-Québec dispose d’une capacité de production sans rapport avec les besoins de la province, ce qui lui permet d’exporter ses surplus vers le reste du Canada, ainsi qu’en direction des États américains de la Nouvelle-Angleterre, jusqu’à New York. « En plus de contribuer largement aux exportations québécoises – à hauteur de 30 % en valeur –, Hydro-Québec a permis le développement d’un secteur industriel compétitif au Québec, en proposant les tarifs d’électricité les plus bas d’Amérique du Nord », poursuit Yvan Cliche.

C’est le premier secteur économique où les Québécois s’internationalisent

Pionnier en matière de production, de transport et de distribution à grande échelle d’énergie hydroélectrique, en même temps que vaisseau-amiral de l’économie québécoise depuis les années 1950, l’opérateur public s’est appuyé sur toute une flottille de cabinets privés en génie-conseil, formés sur ses propres chantiers. Il les a ensuite entraînés dans son sillage à l’étranger.

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« C’est le premier secteur économique où les Québécois s’internationalisent », reprend l’ancien ingénieur d’Hydro-Québec, qui avait pour sa part attendu 1979 pour créer sa filiale, Hydro-Québec International (HQI). Avec un succès certain puisque la société a participé à plus de 400 projets à travers le monde, dont une majorité en Afrique francophone, jusqu’à son retrait en 2005 pour se concentrer à nouveau sur un marché nord-américain autrement plus rémunérateur pour elle.

Au gré d’un changement de direction, HQI reprend ses activités en 2016, avant qu’un nouveau dirigeant n’y mette un terme deux ans plus tard. « Le marché avait changé depuis 2005. Il ne s’agissait plus d’opérer mais d’apporter et de vendre son expertise », observe aujourd’hui Yvan Cliche.

Adduction d’eau et énergie renouvelable

Et sur ce point, les cabinets d’ingénierie-conseil québécois ont su prendre le relais, notamment en Afrique. Qu’elles aient débarqué dès les années 1970 ou au rythme des fusions-acquisitions qui ont modelé le secteur à l’international ces vingt dernières années, une trentaine de firmes québécoises travaillent aujourd’hui à travers le continent.

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Quelques grands noms, comme SNC-Lavalin ou Genivar, sont depuis longtemps présents dans un autre domaine d’excellence reconnu des Québécois, le secteur extractif. Mais c’est bien sur les projets d’adduction d’eau et de production d’énergie renouvelable au sens large que l’expertise de la Belle Province est aujourd’hui la plus sollicitée à travers le continent.

Équipement prioritaire pour les bailleurs de fonds

Certainement aussi parce que ce type d’équipement est devenu prioritaire pour les grands bailleurs de fonds internationaux, sans l’appui financier desquels les entreprises québécoises se montrent plus réticentes à venir en Afrique. « Ce qui peut limiter leurs prises d’initiatives et leurs actions de prospection sur place », regrette un conseiller économique de la province.

Philippe Ossoucah, directeur d’EXP, qui exporte son expertise sur le continent depuis une dizaine d’années, confirme : « Il reste à faire venir les investisseurs québécois et, plus généralement, canadiens. » Pour qu’enfin rayonne le génie québécois sur le continent.