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Économie

Pétrole : l’irrésistible ascension du Nigérian Tony Elumelu

L’acquisition du bloc OML 17 auprès de Total et Shell doit permettre au groupe Heirs de bousculer la hiérarchie des opérateurs pétroliers locaux.

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Mis à jour le 1 mars 2023 à 18:50

Le milliardaire Tony Elumelu, PDG de United Bank for Africa, à Paris, le 30 octobre 2019. © Bruno Levy pour JA

L’opération a été saluée comme une sorte de victoire nationale au Nigeria. Le 15 janvier 2021, TNOG et Transnational Corporation of Nigeria PLC (Transcorp) – deux des sociétés de la galaxie de Tony Elumelu, 58 ans, et de son groupe Heirs –, ont acheté 45 % du bloc OML 17 auprès de Shell (30 %), Total (10 %) et ENI (5 %). Une acquisition estimée à plus de 800 millions de dollars.

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« Avec TNOG, notre approche de l’afrocapitalisme souligne notre engagement pour un développement inclusif », a commenté l’homme d’affaires Tony Elumelu, président de la banque UBA. Des propos qui cadrent bien avec la volonté du pouvoir nigérian de développer une véritable industrie pétrolière depuis une dizaine d’années. La licence OML 17, située dans la région de Port-Harcourt, comprend un ensemble d’une quinzaine de puits à terre (pétrole mais aussi gaz), dont six actifs et les infrastructures pétrolières liées.

1,1 milliard de dollars

L’acquisition de Tony Elumelu a été financée pour l’essentiel par dettes et par un ensemble de banques privées et de développement dont African Export-Import Bank (Afreximbank), ABSA, Africa Finance Corporation, Union Bank of Nigeria, Hybrid Capital et le fonds Amundi. À cela s’ajoute un préfinancement via un contrat d’achat de pétrole par une filiale de négoce de Shell.

Cette somme doit servir à financer divers coûts destinés à doper la production

La levée de fonds a totalisé 1,1 milliard de dollars. Outre l’acquisition elle-même, cette somme doit servir à financer divers coûts afférents à la transaction, l’exploitation et les premiers investissements pour doper la production. Ayant reçu l’ensemble des autorisations légales, Heirs Holdings Oil & Gas, créée pour porter OML 17, bénéficie avec cette acquisition du statut d’opérateur, jusque-là dévolu à Shell (la compagnie nationale nigériane Nigerian National Petroleum Corporation, NNPC, a conservé 55 % d’OML 17, mais sans rôle actif).

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Shell, comme Total depuis plusieurs années, concentre ses investissements au Nigeria sur ses activités offshore et avait peu investi ces dernières années dans les blocs en question dans une région confrontée au risque sécuritaire (groupes armés ou contrebandiers).

Rivaliser avec Seplat ou First E&P

La volonté du groupe de Tony Elumelu est de tripler la production des puits d’OML 17. Celle-ci s’élevait lors de la transaction à environ 27 000 barils par jour (b/j), les infrastructures en place ayant été taillées pour 100 000 barils quotidiens, un pic atteint par le passé avant un lent déclin. Les réserves prouvées et probables (2P) se chiffrant selon Tony Elumelu à environ 1,2 milliard de barils.

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L’objectif à court terme est clair : constituer un nouveau champion intégré privé au Nigeria en combinant les opérations d’OML 17, d’autres projets pétroliers (encore modestes) en phase de développement, voire les activités situées en aval. Le groupe de Tony Elumelu opère le petit bloc onshore OPL 281, dont le gaz est consommé par une centrale électrique de Transcorp. Il contrôle par ailleurs le petit champ marginal Ata, bientôt en phase de production (3 500 b/j attendus).

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Sans rivaliser encore avec les quelques opérateurs privés du pétrole au Nigeria comme Seplat ou First Exploration & Petroleum Development (environ 50 000 b/j chacun), Tony Elumelu entend sans doute les dépasser rapidement.


Ils ont accompagné le deal

Conseils financiers de Heirs : Standard Chartered Bank (principal et coordinateur global), United Capital Plc. Avocat de Heirs : Templars (Yemisi Awonuga). Avocats des prêteurs : Herbert Smith Freehills ( William Breeze à Londres, Rebecca Major à Paris),
Banwo & Ighodalo (Lagos).