• Kabyle
Le militant naît à Aït Bouaddou, commune de la Grande Kabylie, le 2 juin 1973. Premier enfant d’une mère femme au foyer et d’un père maçon, il est l’aîné d’une fratrie de neuf. Il quitte sa ville natale pour Tizi-Ouzou, où il obtient en 1999 une licence en sciences économiques. Plus tard, il s’engage au Front des forces socialistes (FFS), parti qui bénéficie d’une forte implantation dans la région.
• Admirateur
C’est à l’université qu’il découvre le syndicalisme et le militantisme politique. Là, il décide de rejoindre les rangs du FFS, choix naturel pour l’admirateur de Hocine Aït Ahmed, fondateur du parti. « J’aimais et j’admirais son combat pour la démocratie, le pluralisme et la défense des droits de l’homme, confiait-t-il dans les colonnes de Jeune Afrique en janvier 2009. Je ne pouvais pas me retrouver dans une autre formation politique que la sienne. »
• Ambitieux
Rapidement, le jeune militant d’une vingtaine d’années gravit les échelons. Ses fortes interventions à l’occasion du troisième congrès du parti, en mai 2000, le mettent en lumière. Mais à quel prix ? Ses prises de position contre les éléphants du parti fondé en 1963 qui, selon lui, « avaient perdu le contact avec la population », lui attirent les foudres de ces derniers.
• Mentoré
Un seul des cadors du parti, charmé, voit en lui la relève du FFS. Et pas des moindres : son fondateur. Hocine Aït Ahmed, décédé en 2015, le prend alors sous son aile et l’invite en novembre 2001 en Suisse, où il est installé depuis plusieurs années. Pendant trois jours, les deux hommes réfléchissent au futur du plus vieux parti d’opposition algérien.
• Novateur
Alors âgé de 75 ans, et contre l’avis général de l’équipe dirigeante du FFS, le leader nomme finalement le jeune homme de 33 ans, premier secrétaire du parti, le 6 avril 2007. Celui-ci intègre de nouveaux visages au parti en remplacement de ceux qui s’étaient opposés à son ascension. Il donne un coup de neuf au parti et se rapproche de la presse, qu’il juge nécessaire pour que son message « arrive à la population ».
• Fervent opposant
À la tête du premier parti d’opposition, il se montre comme un fougueux adversaire au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika. Mais le président n’est pas le seul à en prendre pour son grade. Karim Tabbou n’hésite pas à critiquer l’armée et les généraux, mais aussi le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) alors présidé par son fondateur, Saïd Sadi.
• Survivant
En 2008, à bord d’un véhicule sur une route kabyle, l’homme politique passe entre les balles. Malgré cet épisode qui aurait pu lui coûter la vie, le premier secrétaire du FFS refuse de bénéficier d’une garde rapprochée et choisit de ne pas déménager de son appartement situé en banlieue d’Alger.
• Dissident
Ses désaccords avec d’autres cadres du parti ne s’estompent pas et finissent même par pousser Karim Tabbou vers la sortie. En novembre 2011, il est remplacé par Ali Laskri au poste de premier secrétaire, avant de quitter le parti le 17 juillet 2012.
• Fondateur
Son départ du FFS ne signe pas la fin de sa carrière politique. Le 1er novembre 2012, quelques mois après avoir quitté le vieux parti, il fonde l’Union démocratique et sociale (UDS), qui n’a toujours pas été légalisé par le régime algérien. En 2016, en tant que député, il se positionne contre une réforme constitutionnelle. En 2019, à la naissance du « Hirak », il devient une incarnation du mouvement.
• Cible du régime
Quelques mois après les premières manifestations, Karim Tabbou devient une cible privilégiée de la répression. Il enchaîne les inculpations, tantôt pour « atteinte au moral de l’armée », tantôt pour « atteinte à l’unité nationale ». Il est emprisonné entre le 26 septembre 2019 et le 2 juillet 2020. En décembre 2020, il est condamné à un an de prison avec sursis.