C’est un revers de plus pour la maison Kabila et celui-ci touche directement la famille de l’ancien président. Zoé Kabila, frère cadet du raïs, a été destitué ce 6 mai par l’Assemblée provinciale du Tanganyika, dans l’espace Katanga. Visé par une motion de censure signée par treize députés provinciaux, majoritairement proches de Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur du Katanga rallié à Tshisekedi, Zoé Kabila ne s’est pas présenté devant les élus pour se défendre.
Zoé Kabila est à Kinshasa depuis plusieurs semaines. Selon l’un de ses proches, il s’y rend régulièrement pour voir sa famille. Il y était jusque-là retenu dans l’attente – d’après son entourage – d’un rendez-vous avec le chef de l’État.
« Terreur et dictature »
Selon la motion de censure déposée par les députés provinciaux le 4 mai, et examinée en plénière ce jeudi, Zoé Kabila est accusé de « gestion opaque des fonds provinciaux » et notamment du détournement de 3,8 milliards de francs congolais (1,6 million d’euros) destinés à payer les « arriérés de salaires et les indemnités de sortie » des précédents cabinets.
Les élus assurent aussi qu’une partie des montants octroyés à la province par le Fonds de promotion de l’industrie ont été détournés, tout comme les sommes dévolues à la gestion de la pandémie de Covid-19.
Zoé Kabila se voit aussi accusé de « manque de leadership » et « d’incompétence », ainsi que de « mauvaise gouvernance » et de « manque de considération » par des élus qui lui reprochent de « semer la terreur et la dictature », de « ne pas respecter les assignations budgétaires en recette et en dépense » et de s’attribuer les réalisations du gouvernement central dans le Tanganyika. Zoé Kabila « souffre d’un déficit intellectuel notoire ne lui permettant pas de rendre compte de sa gestion et de s’exprimer devant les députés provinciaux », peut-on même lire dans la motion de censure.
Luttes de pouvoir
Sous pression depuis plusieurs semaines, Zoé Kabila est le seul gouverneur à ne pas avoir rallié l’Union sacrée de Félix Tshisekedi. Pour ses proches, c’est cette absence de soutien à la nouvelle coalition du chef de l’État qui lui vaut d’être aujourd’hui la cible de cette procédure de destitution. « Il a été mis sous pression parce qu’il n’a pas voulu rejoindre le président comme d’autres l’on fait. C’est de l’intimidation », dénonçait un cadre du Front commun pour le Congo (FCC) proche de Zoé Kabila quelques semaines avant cette procédure.
Nous avions un gouverneur fort mais pas un gouvernement fort
« Son refus n’a pas influencé cette démarche, rétorque le rapporteur de l’Assemblée provinciale. Cela fait deux ans que les députés sont en poste, l’Assemblée provinciale a été ignorée par le gouvernorat, et les députés ont compris qu’il fallait changer les choses. Nous avions un gouverneur fort mais pas un gouvernement fort. »
Depuis son élection au poste de gouverneur, en 2019, l’ancien député de Manono, terre natale du « Mzee » Laurent-Désiré Kabila et fief d’origine de la famille, relayait régulièrement sur ses réseaux sociaux les photos de projets d’infrastructures dans la province. Seuls 13 députés sur 23 (l’Assemblée provinciale en compte 25 mais deux sont actuellement suspendus) étaient présents lors de la plénière. Ils ont tous voté en faveur de cette destitution.