Génocide des Tutsi : les extraits marquants du rapport rwandais sur le rôle de la France

Rendu public ce 19 avril, le rapport d’enquête rwandais sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi documente « l’arrogance de l’engagement néocolonial du président Mitterrand » et le soutien apporté par Paris aux organisateurs du génocide. Extraits.

Le 24 juin 1994 au Rwanda, des Hutus célèbrent l’arrivée des troupes françaises à la frontière du Zaïre. © Scott Peterson/Liaison/Getty Images

Le 24 juin 1994 au Rwanda, des Hutus célèbrent l’arrivée des troupes françaises à la frontière du Zaïre. © Scott Peterson/Liaison/Getty Images

Publié le 19 avril 2021 Lecture : 7 minutes.

Les militaires français de l’opération Turquoise (ici à Gisenyi, au Rwanda, le 27 juin 1994) ont-ils reçu l’ordre de réarmer l’armée et les miliciens hutus auteurs des massacres ? © PASCAL GUYOT/AFP
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Génocide des Tutsi au Rwanda : quelle est la part de responsabilité de la France ?

Dans leur rapport, les chercheurs de la Commission Duclert sur le rôle de la France au Rwanda pointent de nombreux « dysfonctionnements » institutionnels et moraux. Mais ils n’ont pas eu accès à toutes les archives et ont passé certains événements sous silence.

Sommaire

Confié par le gouvernement rwandais à un cabinet d’avocats américains, le rapport sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi, en 1994, a officiellement été remis, ce 19 avril, à Kigali.

Jeune Afrique dévoile ses principales conclusions, qui pointent en particulier les responsabilités de l’ex-président François Mitterrand. Morceaux choisis.

« Se détourner de la vérité »

« Le Rwanda et le peuple rwandais persistent dans leur volonté de comprendre le rôle de l’État français [dans le génocide des Tutsi]. Depuis trop longtemps ils ont vu l’État français se détourner de la vérité et ne pas reconnaître son rôle et sa responsabilité. »

« Ce rapport s’appuie sur de nombreuses sources documentaires primaires et secondaires, notamment des transcriptions­ ; des rapports et des études réalisés par des États, des organisations non gouvernementales et des universitaires ; des télégrammes diplomatiques ; des documentaires et des vidéos ; des articles de presse contemporains et d’autres ressources du même type… Nous avons rencontré des centaines de personnes et entendu plus de 250 témoins en anglais, en français et en kinyarwanda. À aucun moment l’État rwandais ne nous a imposé de restrictions. »

L’État français n’était ni aveugle ni inconscient au sujet de ce génocide prévisible

« La conclusion de la commission Duclert laisse entendre que l’État français était « aveugle » face au génocide à venir. Ce n’est pas le cas. […] L’État français n’était ni aveugle ni inconscient au sujet de ce génocide prévisible. »

« À l’heure où le colonialisme vivait ses dernières heures, l’importance du maintien de l’influence en Afrique n’avait pas échappé à François Mitterrand, alors ministre de la Justice, qui écrivait en 1957 [24 ans avant le début d’une présidence qui s’étendrait de 1981 à 1995] : « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’Histoire de la France au XXIe siècle. »

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« L’arrogance de l’engagement néocolonial du président Mitterrand au Rwanda s’est exprimée dans le fait de promouvoir les intérêts géopolitiques de l’État français, en se moquant des conséquences que cela pouvait avoir pour les Tutsi au Rwanda. »

Influence française sur le continent

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