L’Algérie fait son come back diplomatique sur le continent africain

Depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie est nettement plus entreprenante sur la scène continentale. Mais elle doit combler un retard de vingt ans, durant lesquels ses rivaux ont avancé leurs pions.

Le président Tebboune, le 19 janvier, à Berlin, à son arrivée à la Conférence internationale sur la Libye. © HAYOUNG JEON/EPA/MAXPPP

Le président Tebboune, le 19 janvier, à Berlin, à son arrivée à la Conférence internationale sur la Libye. © HAYOUNG JEON/EPA/MAXPPP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 15 avril 2021 Lecture : 9 minutes.

«Où étiez-vous durant toutes ces années ? » Lorsque, en février 2020, il débarque à Addis-Abeba pour prendre part au 33e sommet de l’Union africaine (UA), Abdelmadjid Tebboune est ainsi apostrophé par certains de ses homologues, qui visiblement se languissaient de l’absence d’un président algérien à cette assemblée annuelle des chefs d’État et de gouvernement africains. Porté au pouvoir en décembre 2019 à la faveur d’une révolution de rue qui a chassé son prédécesseur, Tebboune découvre à l’occasion de ce rendez-vous à quel point la voix de l’Algérie a manqué, aussi bien sur le continent africain que dans le reste du monde.

C’est que ce 33e sommet est le premier auquel prend part un président algérien depuis janvier 2010. Presque une éternité pour l’Algérie, qui s’enorgueillit d’avoir lancé le processus de décolonisation en Afrique, incarné, dans un passé pas si lointain, « La Mecque des révolutionnaires » et contribué activement, à travers ses missions de bons offices, au règlement de crises politiques, tant en Afrique qu’au Moyen-Orient.

Gravement handicapé par un AVC qui l’a cloué dans un fauteuil roulant, l’ancien chef de l’État se faisait représenter par ses Premiers ministres aux sommets de l’UA. La maladie de Bouteflika, qui considérait la diplomatie comme sa chasse gardée, ses absences et son effacement total de la scène internationale ont eu un lourd impact sur le rayonnement de son pays, réduisant considérablement une influence qu’il avait patiemment acquise au cours des décennies précédentes.

Forcing sur la Libye

Cette éclipse et ses conséquences sur l’appareil diplomatique algérien se mesurent aussi à l’aune des visites d’État ou officielles effectuées par l’ancien locataire d’El-Mouradia sur le continent africain. En vingt ans de règne, ces déplacements se comptent sur les doigts d’une main. Au cours de la même période, le roi du Maroc, Mohammed VI, a effectué plus d’une cinquantaine de visites en Afrique, dont certaines étaient de véritables périples.

Redonner de la voix à ­l’Algérie, redynamiser et redéployer un appareil diplomatique frappé d’inertie, retisser les liens distendus, défendre ses intérêts, jouer les premiers rôles au Maghreb et au Sahel sont autant de missions, de dossiers et de chantiers à mener à bien après tant d’années d’absence et de rendez-vous manqués.

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