Discrète, sa petite entreprise monte tout doucement, sans faire de bruit. Pourtant, le petit monde des affaires de Conakry en parle. « C’est un modèle de réussite, une battante », dit d’elle Salématou Sako, la secrétaire générale du Conseil national du patronat guinéen (CNPG).
À 35 ans, Madina Dansoko Diallo est la cofondatrice et directrice générale de Lella, une société spécialisée dans l’élevage de poulets de chair et la transformation. La jeune femme est sur tous les fronts.
Celui de la famille d’abord. Avec son mari, elle s’occupe de quatre enfants, dans une maison qu’elle a décorée de A à Z. Plus qu’un hobby, la déco est sa deuxième activité. « J’ai ouvert il y a deux ans un atelier de menuiserie d’art. Je dessine tous mes meubles, j’ai une clientèle locale et surtout étrangère. »
Rudiments du métier
L’inspiration lui vient de Dalaba et de sa belle région de forêts, où elle a grandi. L’humilité, elle l’a apprise toute petite – « dans la ferme de mes parents », dit-elle. En réalité, son père était gérant d’un grand élevage de volailles, installé par les Russes à l’époque de Sékou Touré. Elle apprend les rudiments du métier en travaillant dans l’usine « familiale », passe ensuite un BEP de formation en comptabilité-gestion et vit un temps à Conakry, puis à Labbé.
En 2003, à 17 ans, tout juste mariée, elle crée avec son époux une société spécialisée dans les poules pondeuses et le matériel pour l’élevage. Et, en 2019, elle s’associe à son frère cadet, Boubacar, pour créer Lella, à Kouria, à la sortie de Conakry.
Abattoir moderne
« L’idée m’est venue de mes nombreux voyages dans le cadre de salons agricoles dans la sous-région et en France. Jusqu’alors, tout était importé du Brésil ou de France. Nous avons alors investi 4 milliards de francs guinéens [environ 340 000 euros]en fonds propres, notamment dans l’abattoir, le premier abattoir de volailles moderne du pays. Nous proposons de la qualité, malheureusement les poulets importés ne sont pas surtaxés et sont moins chers que les nôtres ! déplore Madina Dansoko. Il faut que l’État joue son rôle. »
Lella emploie aujourd’hui 30 personnes – des techniciens de production, un vétérinaire, des gestionnaires et des commerciaux –, pour un chiffre d’affaires de 600 millions de francs guinéens par mois. Elle dispose d’une boutique à Kobaya, dans Conakry, où ses poulets bio et halal se sont imposés partout, notamment dans les grands hôtels et restaurants, les stations Total et les supermarchés, même si la pandémie est venue quelque peu freiner son envol.