1. Pilote
Après avoir obtenu un Deug de maths à Dakar, Patrice Talon caresse l’espoir de devenir pilote. Il décroche son brevet de pilote de ligne d’Air Afrique, mais lorsqu’il arrive en France pour intégrer l’École nationale d’aviation civile de Toulouse, il est recalé pour inaptitude motrice. Il décide de rester en France – où il rencontre Claudine Gbènagnon, sa future épouse – pour préparer le brevet de pilote américain.
2. Piles
Installé en région parisienne, Talon fait la connaissance d’un cadre de Varta, qui le fait entrer comme commercial au sein de la société allemande de fabrication de piles et de batteries. Il se lance dans l’exportation à destination de l’Afrique.
3. Roi du coton…
Profitant de l’ouverture du Bénin à l’économie de marché, il s’engage dans le négoce d’intrants. Il fonde en 1985 la Société de distribution intercontinentale, première pierre d’un empire qu’il construit dans les années 1990 en rachetant les entreprises privatisées par l’État. À la tête également des Industries cotonnières associées et de la Société pour le développement du Coton, il acquiert un quasi-monopole sur l’or blanc.
4. … et de la diversification
Il étend ses activités à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire, où il crée Af-Chem Sofaco, qui intervient dans le négoce et la distribution d’intrants, et SEAP CI, qui produit des engrais. Il investit aussi dans l’hôtellerie et les services portuaires.
5. Pater familias
Après son élection, en 2016, il confie les rênes de son empire à ses proches. Sa fille, Karen, est directrice des intrants agricoles à la Sodeco. Son fils, Lionel, est administrateur d’Af-Chem Sofaco. Talon reste marqué par le décès de sa fille aînée, Patricia, victime d’un accident de la route en France à l’âge de 29 ans. Il n’évoque jamais ce drame, survenu alors qu’il était en exil dans l’Hexagone.
6. L’ancêtre rochelais
En 1797, Pierre Talon, un Français de La Rochelle, prend la direction du fort de Ouidah, alors l’une des plaques tournantes du commerce transatlantique. Pierre Manuel Titi Talon, le fils qu’il aura avec son épouse dahoméenne, mènera lui aussi une carrière de négociant (d’huile de palme). Patrice Talon naît le 1er mai 1958 de l’union d’un père cheminot de Ouidah, lointain descendant de Pierre Talon, et d’une mère issue de la famille des Guédégbé d’Abomey.
7. Avec Yayi, la relation empoisonnée
En septembre 2012, Patrice Talon s’exile en France. Le torchon brûle avec Thomas Boni Yayi, qu’il avait pourtant soutenu lors des campagnes de 2006 et 2011. En octobre, Boni Yayi l’accuse d’avoir voulu l’empoisonner. L’affaire tourne à l’improbable roman d’espionnage. Un an plus tard, Talon bénéficiera d’un non-lieu, et, en mai 2014, Boni Yayi finira par lui accorder une grâce présidentielle.
8. Ajavon, l’allié trop gourmand ?
L’alliance avec l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, qui l’a soutenu au second tour de la présidentielle de 2016, a tourné court. Le premier exigeait six portefeuilles ministériels, le second ne voulait lui en accorder que trois. Quelques mois plus tard, Ajavon est poursuivi pour trafic de cocaïne. Il sera condamné en 2018 à vingt ans de prison.
9. Second mandat
En 2016, Talon s’était engagé à instaurer le mandat unique. Ayant échoué à faire adopter cette réforme par le Parlement, il a finalement décidé de briguer un second mandat.
10. Paradoxe
Voulant limiter le nombre des partis, Talon a bouleversé le logiciel politique béninois. Pourtant, il ne se présente sous les couleurs d’aucune formation de sa majorité. Ses proches assurent que ce paradoxe est nécessaire et évoquent une « période de transition ».