Gabon : son état de santé, la place de son fils Noureddin, la lutte anticorruption… Entretien exclusif avec Ali Bongo Ondimba

C’est la première interview qu’il accorde depuis son AVC, en 2018. Conscient que « quelques personnes ont cru voir leur tour arriver », le chef de l’État gabonais se dit déterminé à réformer pays et se livre, sans tabou.

Ali Bongo Ondimba, à Libreville, le 16 mars 2021. © Communication presidentielle

Ali Bongo Ondimba, à Libreville, le 16 mars 2021. © Communication presidentielle

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Publié le 29 mars 2021 Lecture : 17 minutes.

Pour la première fois depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a frappé, en octobre 2018 en Arabie saoudite, Ali Bongo Ondimba a enfin accepté de donner une interview. Un entretien exclusif, sans tabous ni véritable préparation.

Le chef de l’État gabonais a répondu à toutes nos questions. Et elles étaient nombreuses tant, depuis cet épisode, les interrogations se sont accumulées : sur son état de santé réel et sa capacité à diriger le pays, sur la manière dont il s’est reconstruit progressivement ou sur l’effarante séquence qui a accompagné sa convalescence, quand son pouvoir a vacillé et que les règlements de comptes au sein de son propre camp se sont multipliés.

Mais aussi sur tous les sujets qui ont fait l’actualité du Gabon depuis son retour : le grand ménage qui a été mené au cœur de son premier cercle, dont l’épisode rocambolesque de la chute du tout-puissant directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga ; les nombreux changements de gouvernements et de Premier ministre ; l’ascension de son fils aîné, Noureddin ; la lutte anticorruption ; les conséquences de la pandémie de Covid-19 ou la stratégie des autorités pour mener à bien leurs réformes.

Ali Bongo Ondimba nous a reçu le 16 mars en fin de matinée, dans le salon des ambassadeurs du Palais du bord de mer, siège de la présidence. Souriant et détendu, métamorphosé (il a perdu une quarantaine de kilos), le chef de l’État s’est prêté pendant plus d’une heure à ce jeu des questions-réponses qu’il n’affectionne guère.

Son élocution était normale, peut-être moins fluide qu’avant son AVC. Tout juste cherchait-il parfois longuement ses mots, sur les sujets les plus techniques. Physiquement, il a récupéré sa motricité et l’usage complet de ses membres, notamment de ce côté droit longtemps récalcitrant, bien que sa jambe rechigne encore à lui obéir totalement et qu’il doive se déplacer avec une canne et à son rythme, qui n’est plus celui du temps, pas si lointain, où il jouait au foot avec ses proches le dimanche soir. Le résultat d’un long combat, de centaines d’heures de rééducation et d’orthophonie, d’une nouvelle hygiène de vie que s’est imposée cet ancien amateur de bonne chère et de cigares.

Ali Bongo Ondimba sait qu’il est un miraculé, que si son AVC avait eu lieu à Libreville ou au Tchad, où il devait se rendre le lendemain de son accident, il ne serait sans doute plus de ce monde, et il a changé. C’est d’ailleurs nous qui avons mis fin à l’entretien, notre stock de questions épuisé. Lui aurait bien continué…

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Jeune Afrique : Vous avez été victime d’un grave AVC en Arabie saoudite, en octobre 2018. Comment allez-vous aujourd’hui ?

Ali Bongo Ondimba : Grâce à Dieu, je vais bien, et je tiens à remercier à nouveau les autorités des royaumes d’Arabie saoudite et du Maroc pour leur accueil chaleureux et fraternel. Je remercie également les Gabonaises et les Gabonais qui, en pensées et en prières, m’ont accompagné durant cette épreuve. J’ai puisé beaucoup de force dans leur soutien. Enfin, je redis merci à ma famille, tout particulièrement à mon épouse et à mes enfants, qui ont été constamment à mes côtés.

Je dois reconnaître qu’il y a eu des moments difficiles »

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Aujourd’hui, tout cela est de l’histoire ancienne. Je mène à bien ma mission de chef de l’État. J’ai même augmenté mon rythme de travail. Avec la même ambition : que la population ne manque de rien et que le pays continue à se développer.

Cette épreuve vous a-t-elle changé ?

Bien s’informer, mieux décider

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