Politique

Au Sahara, comment Rabat gagne du terrain

En plus de continuer à sécuriser les frontières du sud, l’armée marocaine mène des opérations de reconquête de zones considérées comme « libérées » par le Polisario.

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Par - à Casablanca
Mis à jour le 17 mars 2021 à 12:01

A Gueguerat, le 14 novembre 2020. © Omar Al Mourchid/MAP

Après Guerguerat en novembre, les Forces armées royales marocaines (FAR) ont récemment prolongé leur mur de défense de 50 kilomètres à Touizgui, province d’Assa-Zag. Cette nouvelle extension se situe à 3 kilomètres du mur algérien, et fait la jonction entre le mur de sable qui s’étend de Guerguerat aux montagnes de l’Ouarkiz.

La province d’Assa-Zag n’est pas revendiquée par le Front Polisario, mais il prétend y mener des attaques. Sauf que pour atteindre cette zone, les éléments du Polisario doivent traverser les lignes de défense algérienne, ce qui ne peut se faire qu’avec l’assentiment de l’Algérie.

La reconquête marocaine

En plus de verrouiller les frontières du royaume, les FAR ont également fermé un ancien point d’infiltration du Front Polisario, situé dans les montagnes de l’Ouarkziz, à la frontière maroco-algérienne. Cette opération, qui a eu lieu entre février et mars, porte un nouveau coup dur aux éléments du Polisario. « Jbel (mont) Ouarkiz » était utilisé depuis les années 1980 par le Polisario pour mener des opérations d’infiltration et s’approcher des points de défense des FAR.

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L’armée marocaine ne se contente donc pas de sécuriser sa frontière, mais élargit également sa « ceinture de sécurité ». « Il s’agit d’une stratégie très importante qui vise à reconquérir les points considérées comme des zones libérées par le Polisario », souligne Bachir Dkhil, membre fondateur du Polisario, qui a rejoint les rangs du Maroc au début des années 1990. Prochaine étape selon plusieurs experts militaires : l’élargissement de la ceinture de Tifariti jusqu’à Amgala, des zones régulièrement revendiquées par le royaume.

La résolution de la situation au Sahel et plus globalement en Libye passe aussi par le mur de défense marocain

En plus de barrer la route aux incursions du Polisario, la sécurisation de ces brèches vise également à réduire le trafic d’armes, de drogue et les réseaux d’immigration illégale. « Si le Maroc parvient à assurer la stabilité et la paix dans cette région, ce sera une grande victoire sur le terrorisme et l’immigration. La résolution de la situation au Sahel et plus globalement en Libye passe aussi par le mur de défense marocain. »

Œil pour œil, dent pour dent ?

Le 23 janvier, le Front Polisario annonçait le lancement de quatre roquettes en direction de la brèche de Guerguerat, alors que les responsables marocains ont évoqué des « tirs de harcèlement à proximité de la zone ». Le 10 février, le Front Polisario a également affirmé avoir tué trois militaires marocains lors d’une attaque dans la région du massif de l’Ouarkiz. Une information qui n’a jusqu’à maintenant pas été confirmée par une source indépendante ou marocaine.

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L’Algérie est également impliquée dans un conflit frontalier, dans l’Oriental cette fois, plus précisément entre Figuig (côté marocain) et El Arja (côté algérien). Le 13 mars, plusieurs Marocains se sont rassemblés à Figuig afin de protester contre la perte annoncée de leurs exploitations agricoles, qui se trouvent sur des terres revendiquées par les autorités algériennes. Ces exploitants, qui détiennent environ 15 000 palmiers-dattiers, auraient jusqu’au 18 mars pour quitter le territoire.