Joseph Kabila n’avait plus effectué une telle tournée en dehors de la RDC depuis son départ du pouvoir, en janvier 2019. Le matin du 22 février, l’ancien président a atterri à l’aéroport d’Abou Dhabi à bord d’un avion loué spécialement pour ce voyage. Il était notamment accompagné de son ancien conseiller diplomatique, Kikaya Bin Karubi.
Défense et renseignements
Logé au luxueux hôtel St. Régis, Joseph Kabila a, selon nos informations, reçu plusieurs participants du Salon international de défense (Idex) qui se déroulait au même moment dans la capitale des Émirats arabes unis. Outre ces rencontres avec des personnalités du milieu de la défense et des services de renseignements, l’ancien président a aussi été reçu par des membres de haut niveau de la famille de l’émir Khalifa ben Zayed Al Nahyane (on le sait proche, notamment, du prince héritier Mohammed Ben Zayed.)
À l’issue de sa visite à Abou Dhabi, Joseph Kabila a pris la route de Dar es-Salaam pour y passer un court séjour. Proche du président tanzanien John Magufuli (qui, confiné pour cause de Covid-19, n’a pu le recevoir personnellement), le raïs a aussi été invité par plusieurs hauts responsables du pays avant de terminer sa tournée par une ultime étape au Zimbabwe où, selon nos informations, il se trouve toujours actuellement.
Joseph Kabila a cette fois rencontré le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, qui l’a convié à dîner dans la soirée du 2 mars. C’est à l’issue de cette dernière escale que Joseph Kabila doit regagner Lubumbashi, où il a pris ses quartiers depuis le 18 décembre. Son retour en RDC est prévu dans les prochains jours.
Alliés de la SADC
Le départ de l’ancien président est intervenu dans un contexte politique bien particulier. Félix Tshisekedi, qui a annoncé le 6 décembre la fin de la coalition qu’il formait avec Kabila, a entrepris de reprendre en main la majorité jusque-là détenue par son prédécesseur. Au cours des trois derniers mois, le chef de l’État est parvenu à placer ses fidèles à la tête des deux chambres du Parlement. Il attend désormais la formation du gouvernement de son nouveau Premier ministre, Sama Lukonde Kyenge.
Avant la fin de la coalition, Joseph Kabila avait effectué un intense effort de lobbying en envoyant plusieurs émissaires dans des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) – organisation continentale dont il est historiquement proche – afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise politique en RDC.
Le choix de faire étape au Zimbabwe et en Tanzanie pour sa propre tournée ne doit rien au hasard puisque ces pays comptaient parmi les partenaires proches de la RDC à l’époque où Joseph Kabila était au pouvoir.