Dans ce dossier
Il était une fois Air Afrique
Le 25 avril 2002, le tribunal de commerce d’Abidjan prononçait la liquidation judiciaire de la compagnie, après quarante et un ans d’exercice.
La décision était tout sauf une surprise : le conseil d’administration de la compagnie avait décidé à l’unanimité au mois de février de déposer le bilan ; et, depuis des années déjà, l’on savait qu’au sein de la compagnie panafricaine, « cela ne tournait plus très rond ».
Quand, en 1988, Yves Roland-Billecart, alors directeur général de la Caisse centrale de coopération économique (ancêtre de l’AFD), est appelé à la tête de la compagnie, il s’agissait déjà de redresser une entreprise en difficulté pour la sauver de la faillite.
Le problème posé à Air Afrique était capitalistique
« Vous êtes notre médecin, je vous confie notre aviation », aurait ainsi déclaré le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny lors de sa première rencontre avec le nouveau dirigeant, confie ce dernier dans ses mémoires, Une vie vouée au développement (Karthala).

Une de Jeune Afrique n°1443, paru le 31 août 1988 © JA
Du plan de redressement bâti alors par le dirigeant français au projet de création d’une Nouvelle Air Afrique, avec une place prépondérante d’Air France au capital, esquissé en 2001, il y eut au cours de la dernière quinzaine d’années d’exercice de la compagnie des tentatives multiples de restaurer le pavillon communautaire. Sans succès.
Une compagnie sous-capitalisée
Si de nombreuses raisons sont avancées pour expliquer la chute du pavillon panafricain, Ibra Wane, ancien directeur commercial de la compagnie, n’en retient qu’une : « Le problème qui s’est posé à Air Afrique est capitalistique. Il faut beaucoup d’argent pour financer la croissance d’une entreprise dans un secteur comme l’aérien, qui va de révolution technologique en révolution technologique ».
« Les propriétaires d’Air Afrique, pour la plupart des pays pauvres, étaient faibles et avaient d’autres priorités. Aussi, le capital est-il resté quasiment stable du début à la fin, tandis que les concurrents, eux, se développaient », poursuit l’ancien cadre, pour qui tous les autres facteurs (abus, grèves, retards…) « sont anecdotiques, ou seulement les conséquences de ce manque de moyens ».