Algérie-France : Paris reconnaît que Ali Boumendjel a été « assassiné et torturé »

Dans un communiqué du 2 mars, Paris reconnaît que le combattant pour l’indépendance de l’Algérie a été « arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 ».

L’historien Benjamin Stora remet son rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie au président français Emmanuel Macron. © Elysée

L’historien Benjamin Stora remet son rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie au président français Emmanuel Macron. © Elysée

Publié le 3 mars 2021 Lecture : 2 minutes.

C’était l’une des préconisations du rapport remis par Benjamin Stora au président français Emmanuel Macron le 20 janvier : la reconnaissance par la France de l’assassinat, le 23 mars 1957, d’Ali Boumendjel, avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien. C’est désormais chose faite.

« Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé »

Sans revenir sur les circonstances précises de sa mort, la présidence française valide la version livrée par Paul Aussaresses dans ses mémoires Services spéciaux, Algérie 1955-1957 (éditions Perrin), où le commandant français affirme avoir fait précipiter dans le vide Ali Boumendjel du sixième étage d’un immeuble d’El Biar. Jusqu’alors, la version officielle française défendait la thèse d’un suicide de l’avocat.

« Aujourd’hui [le 2 mars], le président de la République a reçu au Palais de l’Élysée quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel [l’épouse de Ali Boumendjel] aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné », poursuit le communiqué.

Paris rappelle quelques éléments biographiques de l’avocat et militant « né le 23 mai 1919, à Relizane, dans une famille riche en talents, imprégnée de voyages, de culture et de combats politiques ». Et salue son engagement « contre l’injustice du système colonial et pour l’indépendance de l’Algérie ».

Avancer « sur la voie de la vérité »

Depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019, Paris et Alger tentent de travailler de concert à solder les différends mémoriels hérités de la période de la colonisation française et de la guerre d’indépendance algérienne. Une ambition qui passe par le travail de deux historiens, Benjamin Stora côté français, et Abdelmadjid Chikhi côté algérien. Le Français a remis le 20 janvier un rapport à Emmanuel Macron sur les mesures que peut prendre Paris sur la reconnaissance des crimes coloniaux.

En septembre 2018, Emmanuel Macron avait reconnu la responsabilité de l’État français dans la disparition de Maurice Audin, assistant de mathématiques à la faculté d’Alger, également membre du Parti communiste algérien. Dans une déclaration remise à sa veuve, Josette Audin, décédée depuis, le président avait reconnu « au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile », le 11 juin 1957.

Le communiqué de la présidence française se conclut sur le souhait émis d’avancer « sur la voie de la vérité, la seule qui puisse conduire à la réconciliation des mémoires » et appelle à ce qu’ »aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la guerre d’Algérie [ne soit] excusé ou occulté ».

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