Bazou, le traiteur camerounais qui livre des saveurs africaines et créoles dans toute la France

Installé à Paris, le Camerounais Fabrice Yondjo a créé Bazou, un service de traiteur spécialisé dans les gastronomies africaines, réunionnaises et antillaises.

Fabrice Yondjo, createur de la marque Bazou. © Vincent Fournier pour JA

Fabrice Yondjo, createur de la marque Bazou. © Vincent Fournier pour JA

ProfilAuteur_NicolasMichel

Publié le 5 mars 2021 Lecture : 3 minutes.

Bazou, c’est d’abord un village de l’Ouest du Cameroun, en pays bamiléké, sur les rives de la Koffi. Bazou, c’est aussi, aujourd’hui, un service de traiteur proposant à domicile une vaste gamme de « saveurs exotiques » piochées dans le large répertoire des gastronomies africaines et créoles. Les amateurs de poulet DG, ceux qui ne jurent que par le yassa ou le thièb comme ceux qui se damneraient pour des acras frais, y trouveront leur compte et même plus.

Bazou, c’est la marque lancée par Fabrice Yondjo, 45 ans, arrivé en France il y a douze ans. Dans son « laboratoire » d’Aubervilliers, en banlieue parisienne, l’homme se souvient de ses débuts : « Je faisais des animations de vente dans des supermarchés et j’ai constaté que les produits exotiques étaient très peu représentés. Et quand on en trouvait, ils n’étaient pas cuisinés par des Africains ou par des Antillais, les saveurs n’étaient pas vraiment au rendez-vous. Évidemment, c’est possible de bien cuisiner des plats qui viennent d’ailleurs, mais je pense quand même qu’une Alsacienne saura toujours mieux faire la choucroute que moi ! »

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Plus de punch, moins de piment

Après quelques années d’observation, Fabrice Yondjo décide de se lancer. Il n’est pas cuisinier, il sait les difficultés qui l’attendent pour séduire les banques et obtenir un agrément sanitaire, mais peu importe. Avec environ 10 000 euros de fonds propres et 80 000 empruntés, il peut monter la société Bazou-Perle exotique en s’installant d’abord dans un petit local, à Coupvray, à l’Est de Paris.

L’idée de départ n’est pas la vente à domicile, mais la vente en direct aux clients des grandes surfaces. Après quelques mois, la stratégie se révèle payante, notamment au sein du Super U de Ville d’Avray, où Bazou propose ses produits… et séduit. « Un jour, une cliente m’a demandé de lui préparer un punch maracudja, raconte Fabrice Yondjo. Je ne savais pas le faire, j’ai improvisé, et c’est comme ça que son nés les jus coco-gingembre, ananas-gingembre et bissap, sans conservateurs ! »

L’entrepreneur se forme sur le tas, adapte les recettes aux goûts européens – notamment en réduisant les quantités de piments – et vise d’abord les Hauts-de-Seine, un département à l’Ouest de Paris où cette gastronomie est encore peu connue.

La marque propose une trentaine de plats africains, réunionnais et antillais à partir de 9 euros

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La stratégie est payante, les produits bazou sont bientôt disponibles dans un vingtaine de supermarchés, et de façon permanente dans le Leclerc de Rueil-Malmaison, qui engrange à lui seul un chiffre d’affaires de 34 000 euros (sur un total d’un peu plus de 400 000). En 2017, Bazou s’installe dans un nouveau local de quelque 300 m2 à Aubervilliers et investit dans diverses machines.

Aloko, pili pili et colombo

« C’est moi qui crée les recettes avec l’aide d’un commis de cuisine, explique Yondjo. J’achète mes produits chez Métro, je choisis moi-même mes légumes. Nous travaillons avec des kilos et des thermomètres… » La mode du « bio » n’est pas encore vraiment arrivé chez Bazou, mais les barquettes dans lesquelles les produits « sans conservateurs » sont livrés sont recyclables.

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Au total, la marque propose une trentaine de plats africains, réunionnais et antillais : aloko, rougail saucisse, poisson braisé, pili pili, colombo… Les prix ? Entre 9 et 14 euros pour les plats, 3,50 euros pour les jus…

Frappé par le Covid

Fabrice Yondjo est fier de dire qu’il emploie six personnes, dont deux apprentis, et qu’il a obtenu ce sésame qu’est l’agrément sanitaire. Et pourtant, il lui faut quand même revoir complètement son modèle : la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a débouché sur une interdiction des animations en supermarché, et seule une grande surface lui permet aujourd’hui de continuer à payer ses charges…

Après presque un an sous le signe du confinement, Fabrice Yondjo s’est lancé dans la vente à domicile

En décembre, après presque un an sous le signe du confinement, Fabrice Yondjo s’est donc lancé dans la vente à domicile, via le site internet de Bazou, totalement repensé. Désormais, les produits peuvent être livrés aux particuliers à travers toute la France grâce au transporteur Chronofresh.

« Je ne suis pas inquiet car je sais que j’ai de bons produits », assure aujourd’hui, confiant, l’enfant de Yaoundé (et de Bazou) qui a repris sur son site ce proverbe martiniquais : « A pa lè ou fen pou mété manjé si difé », que l’on traduira par « Ce n’est pas lorsque tu as faim que tu dois commencer à cuire ton repas. »

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