De bureau d’études en maîtrise des risques industriels au tournant des années 2000, Amal Services est devenue la première société tunisienne à gérer un centre de déchets privé.
Fondée par Mongi Daoud, un ingénieur en hygiène, sécurité et environnement (HSE) disposant d’une riche expérience dans le secteur pétrolier, l’entreprise se veut un acteur incontournable de la dépollution dans le Maghreb, au même titre que les multinationales du secteur.
« Le marché est comme celui des télécoms dans les années 1990 : il est vierge, et le fossé technologique n’est pas énorme avec les gros acteurs. On peut donc capter des parts de marché assez rapidement », explique Mourad Daoud, fils du fondateur passé par HEC Paris et responsable du développement au sein d’Amal Services.
Développements prévus en Libye et en Mauritanie
À ses débuts, du fait du parcours professionnel de Mongi Daoud, l’entreprise a d’abord ciblé le traitement des déchets pétroliers, notamment les boues de forage. Moins chère et aussi compétente que les sociétés étrangères, elle a rapidement gagné des clients prestigieux implantés en Tunisie : ENI, British Gas, OMV, Schlumberger ou encore Perenco.
Mais le blocage des forages dans le sud de la Tunisie, en 2009 puis après la révolution de 2011, a stoppé net l’élan de la PME, qui emploie alors une centaine de salariés. Pour survivre, elle s’est logiquement tournée vers ses voisins riches en or noir. Amal Services a créé en 2012 une filiale en Algérie en partenariat avec un financier et un ancien cadre de la compagnie nationale Sonatrach.
Une filiale libyenne doit également voir le jour cette année. L’entreprise cherche par ailleurs à se développer en Mauritanie, où elle n’effectue pour le moment que des missions ponctuelles.
La CDC tunisienne et AfricInvest au capital
En Tunisie, Amal Services s’est depuis diversifiée en dehors du secteur des hydrocarbures. L’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) lui a ainsi accordé des autorisations de traitement pour les boues de fond de cuve et certains déchets industriels spéciaux. La PME est dépourvue de concurrent installé comme elle à l’échelon régional. En Tunisie, sur les déchets industriels, elle fait surtout face à Segor (filiale de Suez), qui se concentre sur les marchés publics.
L’entreprise n’est toutefois pas épargnée par la crise liée à la pandémie. Elle a ainsi dû vendre son siège à Tunis pour dégager des liquidités. En 2020, Amal Services a affiché un chiffre d’affaires en baisse, à 1,2 million d’euros, mais ses dirigeants affirment que leur carnet de commandes leur permet de tabler sur un doublement de ce résultat d’ici à 2022.
Les investisseurs y croient : la CDC tunisienne a pris 30 % du capital, et AfricInvest, poids lourd du capital-investissement en Afrique francophone, 20 %. « Amal reste une belle PME, même si le contexte actuel est compliqué. Le traitement des déchets industriels demeure un vrai sujet en Tunisie et ailleurs », explique Aziz Mebarek, cofondateur d’AfricInvest, qui pousse pour un développement régional puis panafricain de l’entreprise.