Politique

Mali : les dessous des négociations pour la libération de Boubacar Keïta

Le 9 février, le fils d’Ibrahim Boubacar Keïta a rejoint sa famille – dont son frère Karim – à Abidjan, alors que la situation de l’ancien président se normalise. Voici ce qui a débloqué la situation.

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Mis à jour le 10 février 2021 à 17:40

Boubacar Keïta © DR

Selon nos informations, après plusieurs lettres restées sans réponse, Boubacar Keïta a adressé le 18 janvier un nouveau courrier au vice-président de la transition, Assimi Goïta. Dans ce message que Jeune Afrique a pu consulter, le fils de l’ancien président donne des gages de bonne volonté aux autorités, afin précise-t-il, de leur « faciliter la tâche. »

La réponse de Goïta

« Je soussigné, Boubacar Keïta, assigné à résidence depuis les événements du 18 août 2020 par les autorités de la transition malienne, accepte d’être libéré à la condition de ne pas tenir pour responsables lesdites autorités en ce qui concerne ma sécurité lors de mes déplacements hors de mon lieu de résidence », écrit-il.

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Le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) était en effet officiellement maintenu à Sébénikoro pour des « raisons de sécurité ». Il avait dénoncé le durcissement de ses conditions de détention et insisté sur son droit à voir son avocat et à recevoir des visites de sa famille.

Cette fois, il a également assuré aux autorités qu’il ne les poursuivrait pas devant les instances de la Cedeao comme il les en avait menacées.

La « Decharge Securitai… by jeuneafrique

De son côté, le colonel Goïta a accusé réception de la lettre de Boubacar Keïta le 3 février. Il lui a répondu « prendre acte » de son engagement. Boubacar a alors pu récupérer son passeport et subir un test de dépistage du Covid-19 avant de s’envoler vers la Côte d’Ivoire.

La réponse d’Assimi Goï… by jeuneafrique

Médiations présidentielles

En coulisses, des chefs d’État voisins ont œuvré afin d’améliorer la situation de la famille Keïta. Alpha Condé s’est personnellement impliqué dans une médiation auprès du vice-président malien pour que Boubacar Keïta puisse quitter sa résidence et pour que les restrictions imposées à IBK soient allégées. Ces dernières semaines, la situation de l’ancien président s’est ainsi progressivement normalisée. Le dispositif sécuritaire qui entourait Sébénikoro a été levé et remplacé par le service de sécurité personnel d’IBK.

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Ibrahim Boubacar Keïta, qui a droit à quinze gardes du corps, en a déjà choisi une douzaine. Il a également pu nommer les membres de son cabinet, comme le prévoit la loi qui confère des avantages aux ex-présidents. Il s’est entouré d’une petite équipe, dont un directeur de cabinet en la personne de Baba Akhib Haidara, ancien médiateur de la République, un chargé de mission, Sabane Mahalmoudou, un médecin, le colonel Brehima Boly Berthe, et une informaticienne, Konate Zeinaba Attaher Maïga.

Sabane Mahalmoudou et Brehima Berthe sont des fidèles d’IBK. Début septembre, ils faisaient partie des proches qui l’ont accompagné à Abou Dhabi pour qu’il y reçoive des soins médicaux. Dans les prochains jours, l’ancien président doit se rendre en Côte d’Ivoire, où il rencontrera Alassane Ouattara, et en Guinée, où Alpha Condé l’a invité.