[Chronique] Joe Biden et l’Afrique : le mandat du respect annoncé

Visas, sécurité, développement… La politique africaine du nouveau président américain se lit tout autant dans les déclarations d’intention que dans le casting de la nouvelle administration.

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Publié le 20 janvier 2021 Lecture : 2 minutes.

« Ouf » ou « youpi » ? Au moment où Joe Biden prête serment comme 46e président des États-Unis, le « ouf » de soulagement est perceptible dans une Amérique qui retenait son souffle, depuis le refus de Donald Trump de concéder sa défaite et l’assaut de certains de ses affidés contre le Capitole. Pour ce qui est du « youpi », il n’est pas certain que l’Afrique, en particulier, doive s’enthousiasmer plus que de raison.

Joe Biden aura-t-il beaucoup d’énergie à mobiliser en direction du continent africain ? Son mandat qui débute est celui de toutes les priorités nationales – rétablissement sanitaire, relance économique et réconciliation – ; « l’âge du capitaine » n’augure guère d’un terme de huit ans ; les tergiversations électorales récentes ont déjà retardé la validation d’une partie de l’équipe gouvernementale ; le mentor « afro » Barack Obama n’a guère laissé de traces historique dans la politique africaine des États-Unis ; la vice-présidente au teint hâlé n’a pas de racines africaines contemporaines…

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Changement de ton

Bien entendu, l’image du président américain en Afrique profite du contraste avec son prédécesseur, puisque l’on peut priser un bonbon au poivre, pour peu qu’on l’ait ingurgité juste après un cachet de nivaquine. Très vite, l’ébauche d’administration Biden a choisi l’adjectif « respectueux » pour qualifier la diplomatie qu’elle déploiera en direction du continent africain. Cette bienveillance engagée devrait se traduire par un changement de ton et, plus concrètement, une probable annulation des restrictions de visa imposées aux ressortissants du Nigeria, du Soudan et de la Somalie.

Contrairement à l’unilatéraliste Donald Trump qui délégua les séjours africains à son épouse peu politisée, Joe Biden tient à s’adresser à l’Afrique, notamment aux interlocuteurs qui ont un point commun avec lui, celui d’être président ou celui de résider aux États-Unis. En direction des premiers, il a esquissé un sommet de chefs d’État africains comparable à celui organisé, en 2014, lorsqu’il était vice-président.

En direction des seconds, un document de campagne souligna l’importance accordée à la communauté africaine installée aux États-Unis. Cette dernière pourrait être un vecteur, voire un ressort, d’une politique africaine inscrite, comme tant d’autres aspects, dans la logique d’un « troisième mandat Obama », notamment via le programme  Young African Leaders Initiative (Yali).

Diversité

Pour le reste, comme toute autre administration de tout autre État, celle-ci gérera les urgences et les impondérables que dictera elle-même l’actualité africaine. Et ceci conformément à la réactivation des liens diplomatiques avec des institutions comme l’Union africaine.

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Symbolique ou pas, la diversité accrue de l’équipe de Biden est également commentée en Afrique. Le secrétaire adjoint au Trésor Wally Adeyemo et la conseillère dans l’équipe de riposte à la Covid-19 Osaremen Okolo sont nés de parents nigérians. La nouvelle ambassadrice à l’ONU Linas Thomas Greenfield fut sous-secrétaire d’État pour l’Afrique et ambassadrice à Monrovia.

La responsable de l’agence chargée de l’aide au développement (Usaid) Samantha Power a de son côté une solide expérience onusienne en matière humanitaire. Quant au secrétaire d’État Anthony Blinken, il a la réputation d’être un fin connaisseur de l’Afrique. Mais les Africains savent se méfier des « trop-connaît » dont les actes ne suivent pas toujours les intentions.

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