Société

Gabon : au cœur du bras de fer entre la société civile et le groupe pétrolier Perenco

Des organisations de la société civile ont demandé le 15 janvier au tribunal de Port-Gentil la cessation des activités du groupe pétrolier franco-britannique ainsi qu’une expertise environnementale.

Réservé aux abonnés
Par
Mis à jour le 19 janvier 2021 à 16:18

Une plateforme pétrolière au large de Port-Gentil. © JUSTIN TALLIS/AFP

Le 15 janvier, le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) a déposé devant le président du tribunal de Port-Gentil une demande d’expertise afin de faire analyser l’impact environnemental des activités de Perenco dans le département d’Etimboué (Ogooué-maritime).

À Lire Olam, Comilog, Perenco : les alliés particuliers du Gabon

Représenté par l’avocat Anges Kevin Nzigou, le ROLBG estime, dans le document qu’a pu consulter Jeune Afrique, que « les populations du département sont victimes de marées noires et d’épandages de produits pétroliers » et que « l’impact environnemental des activités d’extraction de l’entreprise Perenco affecte principalement la qualité de l’air, la qualité de l’eau, les ressources et la santé humaine des populations ».

La présidence suit le dossier

Toujours selon cette requête, Perenco exploiterait des « sites jugés trop vétustes et mal entretenus », lesquels « causent un énorme préjudice aux populations (problèmes de santé, pollution des eaux, empoisonnement des cultures et des poissons), qu’il conviendrait de faire cesser ». Le ROLBG réclame « la désignation d’un cabinet d’expertise » et la suspension temporaire des exploitations de Perenco dans l’Etimboué.

« Il est incontestable, au regard des constats matériels effectués, que l’exploitation actuelle de la société Perenco [expose] les populations à un danger réel [et que], dans la mesure où cette exposition au danger est manifestement illicite, il conviendra, dans l’intervalle des opérations d’expertise, de faire cesser ce trouble en ordonnant la suspension de l’exploitation », explique Me Nzigou.

À Lire Gabon : le sauve-qui-peut des compagnies pétrolières

Selon nos informations, le cas Perenco est suivi au plus haut sommet de l’État, le ministre du Pétrole Vincent de Paul Massassa ayant signé en octobre un nouvel avenant au contrat liant son pays au groupe franco-britannique. Le Haut-commissaire à l’environnement, Yannick Ongonwou Sonnet, est chargé du dossier, en liaison avec l’entreprise, la Direction générale des hydrocarbures et celles de l’environnement et des écosystèmes aquatiques.

Un cadre de suivi a été mis en place sur instruction de la présidence gabonaise, sous la houlette d’Ongonwou Sonnet, des dirigeants de Perenco au Gabon, Christophe Blanc et Baptiste Breton, et du directeur des hydrocarbures gabonais, Jean-Félix Obamba. Atout non négligeable : ce dernier est un ancien cadre de la société pétrolière, il en fut le directeur général adjoint à Port-Gentil.