Côte d’Ivoire : Guillaume Soro peut-il continuer à peser ?

En exil, l’ancien président de l’Assemblée nationale maintient sa stratégie : rester sur une ligne dure et ne rien céder à Alassane Ouattara. Mais pourra-t-il continuer à exister sur l’échiquier politique ivoirien, malgré la distance ?

Guillaume Soro, à Paris le 17 septembre 2020. © REUTERS/Charles Platiau

Guillaume Soro, à Paris le 17 septembre 2020. © REUTERS/Charles Platiau

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 18 janvier 2021 Lecture : 9 minutes.

Un jour à Bruxelles, un autre à Genève, un troisième à Paris… Ces derniers temps, Guillaume Soro a la bougeotte. Rares sont ceux qui savent vraiment où il se trouve. Seul son premier cercle est capable de le situer. Et encore, pas tous les jours. Mais où qu’il soit, pas question d’en dire plus. Comme si le fougueux quadragénaire avait repris ses vieilles habitudes clandestines, forgées au temps où il dirigeait la rébellion des Forces nouvelles.

« On travaille essentiellement par messages et visioconférence. Quand on l’a au bout du fil, on ne lui demande pas où il est », explique un de ses collaborateurs. Dans cette atmosphère secrète, les réseaux sociaux constituent une des rares ouvertures sur le monde extérieur, et en particulier sur la Côte d’Ivoire. L’ancien président de l’Assemblée nationale continue à y distiller ses messages. Dernière sortie : une vidéo de vœux pour la nouvelle année, dans laquelle il étrille une fois de plus le président Alassane Ouattara, dont il refuse de reconnaître la réélection pour un troisième mandat.

Il y a encore quelques semaines, Guillaume Soro vivait tranquillement à Paris, où il possède une résidence. Il y passait le plus clair de son temps et organisait ses conférences de presse à l’hôtel Bristol, un palace situé à quelques mètres de l’Élysée. Mais au lendemain de l’annonce de la victoire de Ouattara, l’une de ses prises de position change la donne. Dans un discours retransmis en direct sur internet, il s’adresse aux forces de défense et de sécurité et leur demande « d’agir » pour faire barrage à Alassane Ouattara. En clair, il appelle à un coup de force des militaires.

Lignes rouges

Cette fois, pense-t-on à Abidjan, l’ancien chef de guerre est allé trop loin. Même constat à Paris, où il n’était déjà plus en odeur de sainteté en raison de ses déclarations acides contre le positionnement d’Emmanuel Macron sur la situation ivoirienne. « Les autorités françaises lui ont fait passer le message qu’il y avait des limites et qu’il n’était plus le bienvenu sur le territoire national. Appeler à prendre les armes va au-delà de toutes les lignes rouges. Nous pouvions difficilement lui dire autre chose », explique une source française haut placée. Soro est donc prié de partir.

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