Taoufik Charfeddine, dont le prédécesseur n’est autre qu’Hichem Mechichi lui-même, a certes effectué d’importantes nominations dans les sphères sécuritaires, sans l’accord des directeurs de la police et de la garde nationale et sans l’aval du chef du gouvernement. Ce vaste mouvement concernait une vingtaine de responsables, du pôle anti-terroriste, de la direction de la Sûreté nationale et de l’inspection générale de la garde nationale. Mais, selon nos sources à la Kasbah, le ministre de l’Intérieur paie également la mise à l’écart de Lazhar Loungou.
Services spéciaux
En poste auprès de l’ambassade de Tunisie à Paris, ce dernier a également officié au sein des services spéciaux. Toujours selon des conseillers de l’Intérieur, le fait de démettre cet homme discret qui a longtemps eu en charge des missions sensibles, et sans lui attribuer de nouvelles fonctions, ne s’inscrit pas dans les pratiques de la maison.
Taoufik Charfeddine pourrait toutefois rebondir en tant que conseiller de Kaïs Saïed, dont il a coordonné la campagne électorale dans la région de Sousse. De quoi confirmer les tensions au sommet de l’exécutif, alimentées par les indéfectibles soutiens du chef de l’État, qui tentent de prouver l’existence de liens étroits entre Hichem Mechichi et Ennahdha. Preuve de ces dissensions grandissantes, le président a profité d’un déplacement privé du chef du gouvernement pour effectuer le 31 décembre une visite impromptue aux forces de l’ordre.
À cette occasion, Kaïs Saïed a déclaré être, de par ses fonctions, à la tête des forces armées et sécuritaires – un message adressé à Mechichi. Or, la Constitution stipule bel et bien que le chef de l’État n’est que le chef des armées.