Économie

Infrastructures : en Afrique, GE rêve d’une présence plus « inclusive »

Le DG du géant américain pour l’Afrique subsaharienne presse pour une amélioration du cadre des partenariats public-privé (PPP), notamment dans les domaines de la santé et de l’énergie, essentiels pour le continent.

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Mis à jour le 16 décembre 2020 à 17:15

Farid Fezoua, président CEO Afrique de General Electric Healthcare. © Marc Shoul pour JA

L’Afrique a besoin d’une amélioration des cadres réglementaires des partenariats public-privé (PPP) afin de réduire le déficit d’infrastructures dans les domaines de la santé et de l’énergie, estime Farid Fezoua, DG de GE Africa, interrogé par The Africa Report/Jeune Afrique.

Pour le responsable des activités subsahariennes du colosse américain – qui rappelle que les managers de GE en Afrique sont à 90 % des Africains et travaillent en majorité dans leur propre pays ou sous-région – la réglementation des PPP « doit être améliorée dans la plupart des pays africains ». De son coté, GE se dit prêt à y jouer « un rôle beaucoup plus important » dans la construction des PPP en 2021.

Alors que le continent s’apprête à affronter sa plus forte récession depuis vingt-cinq ans, selon Farid Fezoua, l’urgence de recourir aux PPP est renforcée par la pression fiscale exercée sur les gouvernements par la crise du Covid-19 et les difficultés des États africains à accéder aux marchés financiers mondiaux. Le danger, poursuit-il, est que les progrès économiques réalisés en Afrique subsaharienne au cours des cinq à dix dernières années soient anéantis.

Parmi les secteurs où le renforcement des PPP peut avoir un impact clair, juge le manager, figure l’industrie de la santé. Pour le dirigeant de GE, il est nécessaire de faire émerger a minima un grand projet hospitalier en greenfield, développé par un consortium international d’investisseurs.

Attirer des ressources limitées

Alors qu’un tel projet coûterait des centaines de millions de dollars en dettes et en capitaux propres, les partenariats publics-privés représentent « un moyen efficace d’attirer des ressources limitées » de la part des investisseurs, analyse Farid Fezoua.

Pour y parvenir, une collaboration plus inclusive en amont est nécessaire au sein de consortiums comprenant les gouvernements, les investisseurs privés et les entreprises technologiques telles que GE, explique le dirigeant du groupe américain.

À ses yeux, un financement mixte, combinant prêts commerciaux et ressources des institutions de développement, est « une nécessité critique, l’outil qui peut aider à mobiliser les PPP ». La preuve : le succès de pareilles initiatives en Inde et en Turquie.

Les PPP au service de la santé

Signe encourageant selon lui : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui a contribué au financement des PPP en Turquie, accorde désormais une plus grande attention aux services de santé en Afrique. Pour ce spécialiste des infrastructures sanitaires, les PPP prendront une plus grande importance politique en Afrique à mesure que les populations se rendront compte que les gouvernements ne pourront pas financer les soins de santé par le seul biais du budget.

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Les États africains, sur ce point, paraissent de plus en plus ouverts à l’idée des PPP, affirme Farid Fezoua, qui espère voir un « élan » vers de tels projets en Afrique au cours des cinq prochaines années.

Deux sources d’incertitudes demeurent cependant. D’abord, les conditions monétaires du partenariat. Prenant l’exemple de la Turquie, le patron de GE Africa note que l’effondrement de la valeur de la lire depuis 2018 a fait augmenter les coûts et a retardé les projets d’infrastructures.

En 2019, le gouvernement turc a abandonné le modèle des PPP pour la construction d’hôpitaux urbains, qui seront à l’avenir réalisés à partir du budget de l’État.

Améliorer la passation de marchés publics

Deuxièmement, les méthodes d’attribution des marchés publics peuvent être un obstacle. Selon un rapport de la Banque mondiale sur la qualité des cadres réglementaires pour les PPP, les meilleures pratiques en matière de passation de marchés sont moins susceptibles d’être suivies dans les pays à faible et moyen revenu.

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C’est en Afrique subsaharienne que l’on observe le plus grand écart dans les notes attribuées pour la phase de passation des marchés de PPP. Seuls deux des dix pays étudiés en Afrique subsaharienne utilisent un système de passation de marchés numérique. Or, ce sont précisément les pays à faibles revenus qui ont le plus besoin d’infrastructures de santé et d’électricité.