On les a peu entendus quand une vingtaine de personnes ont été arrêtées au domicile abidjanais d’Henri Konan Bédié, le 3 novembre. Pas davantage quand leur aîné de 86 ans, président désigné du Conseil national de transition (CNT) formé après l’annonce de la réélection d’Alassane Ouattara, a tenté d’engager le bras de fer avec le pouvoir. Ni quand il a rencontré le chef de l’État à l’hôtel du Golf, le 11 novembre, en vue d’amorcer un dialogue – officiellement suspendu, mais qui continue en coulisses – pour mettre fin aux tensions postélectorales.
Faut-il voir dans ce silence une forme de désaveu, voire un début de fronde ? Les anciens du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) assurent que non. Que tous seraient soudés et engagés derrière Henri Konan Bédié. « Nous sommes bien organisés et disciplinés, fidèles à la culture de notre maison, assure un des barons du PDCI. Chacun joue un rôle bien précis dans le parti. Untel ne peut pas se lever comme ça et prendre la parole. La ligne est fixée par le président et chacun s’y tient. »
Les « jeunes loups » sur la touche
Et pourtant. Sous couvert de l’anonymat, le discours de leurs cadets est tout autre. En réalité, voilà des mois que plusieurs « jeunes » cadres du parti – comprendre : ceux qui ont entre 40 et 60 ans – ruminent leur aigreur et critiquent la stratégie adoptée par Bédié et son premier cercle. « Comment voulez-vous que l’on défende des choix auxquels nous n’avons jamais été associés ? », résume un député de la nouvelle génération. Le problème, selon eux, est toujours le même : absence de démocratie interne et toute-puissance du « Sphinx de Daoukro » et de son état-major, Maurice Kakou Guikahué (le secrétaire exécutif du PDCI) en tête.