[Chronique] Le dernier coup bas de Trump envers l’Afrique

En plein baroud d’honneur, le président sortant, Donald Trump, impose aux ressortissants de 15 pays africains le versement d’une caution de 5 000 à 15 000 dollars avant tout voyage aux États-Unis.

 © Damien Glez

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Publié le 26 novembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Donald Trump a le mérite de la cohérence, même si celle-ci frise l’entêtement, voire l’obsession. Après avoir qualifié Haïti, le Salvador ou certains États africains de « pays de merde » (« shithole countries »), en janvier 2018, rien d’étonnant à ce que le président sortant rechigne à voir débarquer les ressortissants de ces contrées dans ses plaines qu’il juge, elles, « great again ».

Dès son arrivée au pouvoir en 2017, l’iconoclaste président adepte de l’emmurement avait fait de la restriction de l’immigration un axe central de son mandat, notamment lorsque les pays d’origine étaient qualifiables de « musulmans ». Dans son attirail de brimades figurait une règle dont il entend user encore davantage avant de quitter le bureau ovale, celle qui permet aux agents consulaires américains d’exiger des touristes et des voyageurs d’affaires originaires de certains pays aux « taux de dépassement de séjour » excessifs le paiement d’une caution remboursable.

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Une somme exorbitante

À partir du 24 décembre, quinze États seront concernés par ces nouvelles règles temporaires, dans le cadre d’un « programme-pilote de six mois » : l’Angola, le Burkina Faso, le Tchad, la RDC, Djibouti, l’Érythrée, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Liberia, la Libye, la Mauritanie, le Soudan, Sao Tomé-et-Principe, le Cap-Vert et le Burundi.

Une caution qui représente 29 ans de revenu moyen en RDC et 53 ans de salaire au Burundi

Les ressortissants de ces pays devront débourser pour la caution de 5 000 à 15 000 dollars, un plafond qui représente 29 ans de revenu moyen en RDC ou encore 53 ans de salaire au Burundi.

Si la mesure risque de faire suer les voyageurs traditionnellement approximatifs dans le respect des dates de visa, elle risque de faire également transpirer les agents consulaires américains, qui ont toujours jugé cette pratique fastidieuse sur le plan administratif.

Indésirable à son tour ?

Évidemment, le principe de l’alternance consistant – souvent – à détricoter la politique de son prédécesseur, le président élu pourrait venir soulager les employés des consulats américains et les globetrotters africains. Pendant sa campagne, à l’occasion de l’Immigrant Heritage Month, qui rend hommage aux immigrés et souligne leur contribution à l’histoire, l’économie et la culture américaines, Joe Biden avait twitté : « Les immigrants ont toujours rendu notre nation plus forte. Notre diversité est et a toujours été notre plus grande force. Donald Trump ne comprend pas cela ».

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Ce que devrait rapidement comprendre Donald Trump, s’il décide, comme il l’a déjà évoqué, de quitter les États-Unis après la victoire de celui qu’il qualifiait de « pire candidat de tous les temps », c’est que tous les pays ne seront pas accueillants à son égard. Avec ou sans caution…

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