Tel est le but de ce conclave organisé par le ministère de l’Intérieur, prévu pour durer trois jours et auquel assisteront plus de deux cents participants – partis politiques, associations de la société civile, représentants des différents cultes, agences spécialisées de l’ONU, diplomates… – mais tel n’a pas toujours été le cas.
Tenues en amont des présidentielles de 2009 et de 2016, les précédentes concertations d’Ewo et de Dolisie n’avaient en effet pas empêché que se déroulent des consultations tendues et contestées.
Vives crispations
De la gouvernance au fichier électoral, en passant par l’accès aux médias et le financement des campagnes, les points de crispation qui seront abordés lors de cette édition 2020 demeurent vifs – et cela même si le contexte de la pandémie et la nécessité de réduire les dépenses dans un pays en pleine crise financière a contraint les organisateurs à réduire le nombre des délégués, malgré l’afflux de postulants attirés par la distribution des per diem.
En attendant les conclusions de ces débats, auxquels l’opposition dite radicale – qui exigeait pourtant un dialogue inclusif sous supervision de la communauté internationale – a fini par se joindre, le paysage préélectoral congolais s’éclaircit peu à peu.
Si personne ne doute que le président Denis Sassou Nguesso, 77 ans, désigné comme candidat depuis près d’un an par le Parti congolais du travail, sera investi comme tel en position de grand favori pour briguer un quatrième mandat consécutif, plusieurs personnalités connues d’une scène politique en panne de renouvellement s’apprêtent à entrer en lice pour cette échéance.
Pascal Tsaty Mabiala à Madingou
À commencer par Pascal Tsaty Mabiala, bientôt 72 ans, leader de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et chef de file de l’opposition au Parlement.
Reçu le 21 novembre par Denis Sassou Nguesso, cet ancien ministre de la Défense du président Lissouba pendant la guerre civile de 1997 a décidé de participer à la concertation de Madingou en dépit des réticences d’une partie de ses militants.
Ce natif de Loudima, candidat malheureux en 2016, bénéficie de l’implantation traditionnelle du « parti aux trois palmiers » dans les départements de la Bouenza, du Niari et de la Lékoumou.
Il devrait profiter de ces assises pour poser le problème de la composition de la Commission nationale électorale indépendante (Cnei), jugée déséquilibrée par les opposants.
Kolélas contre Kolélas
Autre candidat probable : Parfait Kolélas, 61 ans. Fils de Bernard Kolélas, leader historique de la région du Pool et ancien ministre de Denis Sassou Nguesso, celui qui fut dans une précédente vie membre du Parti communiste français, puis proche de Jean-Marie Le Pen, se situe dans l’opposition depuis 2009.
Arrivé second à la présidentielle de 2016 avec 15 % des voix, le chef de l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki) est cependant fragilisé dans son fief par la concurrence que lui livre son propre frère cadet, Landry Kolélas, actuel Haut Commissaire à la réinsertion des ex-combattants.
Ce dernier a en effet récupéré une part importante de l’héritage politique familial en se faisant élire à la tête du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), le parti fondé par Bernard Kolélas, désormais membre de la majorité présidentielle.
Mathias Dzon veut aller « jusqu’au bout »
Si Tsaty Mabiala et Parfait Kolélas relèvent tous deux de l’opposition modérée, Mathias Dzon, 73 ans, qui a officialisé le 21 novembre sa candidature à la présidentielle, campe sur ses positions plus frontales, même s’il a lui aussi envoyé un représentant à Madingou.
Investi par l’Alliance pour la République et la démocratie (ARD), regroupant une vingtaine de petits partis et d’associations, ce natif du département des Plateaux est lui aussi un ancien ministre de Denis Sassou Nguesso rallié à l’opposition après son éviction du portefeuille des Finances en 2002.
Après avoir appelé au boycott des élections de 2009 et de 2016, il affirme cette fois qu’il ira « jusqu’au bout », afin de mettre un terme à « la crise multidimensionnelle que connaît le Congo ».
Ancien banquier (il fut directeur national de la BEAC pour le Congo de 2002 à 2008) et ex-député de Gamboma, Mathias Dzon tente de gagner à sa candidature plusieurs figures de l’opposition extraparlementaire comme Claudine Munari (présente à Madingou), Charles Zacharie Bowao ou Clément Mierassa. Et de capter ce qui reste des fidèles de Jean-Marie Michel Mokoko et d’André Okombi Salissa, emprisonnés depuis 2016.
Pas de candidat unique pour l’opposition
Réputée pour sa tendance à la scissiparité, l’opposition congolaise dite radicale aura cependant bien du mal à se positionner derrière un candidat unique. Absent de la concertation de Madingou, à laquelle il n’a pas été invité et ancien proche collaborateur de Bernard Kolélas, Paulin Makaya, 54 ans, a en effet annoncé son intention de se présenter lui aussi en mars 2021.
Incarcéré pendant trois ans à la suite des troubles qui ont suivi le référendum constitutionnel de 2015, il bénéficie d’une certaine aura auprès des opposants de la diaspora congolaise.
Une petite poignée de candidats se sont par ailleurs manifestés à titre individuel, dont le consultant Andréa Ngombet, fondateur du collectif #Sassoufit, qui fait campagne depuis la France via les réseaux sociaux. Reste à savoir qui, parmi tous ces postulants, verra sa candidature validée par la Cour constitutionnelle.