Au Sénégal, la transhumance, c’est tout un art

Équivalent politique du jeu d’échecs ou de l’awélé, la transhumance a atteint des sommets au Sénégal depuis 2012. La preuve en images…

Le président sénégalais Macky Sall le 20 février 2020. © JOHN WESSELS / AFP

Le président sénégalais Macky Sall le 20 février 2020. © JOHN WESSELS / AFP

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Publié le 23 décembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Si Macky Sall n’a pas inventé la transhumance politique, il aura néanmoins contribué à hisser ce travers de la politique sénégalaise à des sommets rarement atteints. Le 11 décembre, à l’occasion de la remise du prix Macky Sall pour le dialogue en Afrique 2020, le chef de l’État affirmait une nouvelle fois ses envies hégémoniques.

« Je remercie Idrissa Seck et tous ceux qui, comme lui, ont eu le courage de dialoguer, déclarait-il alors. Il faut du courage pour dialoguer. Quel est le président qui ne voudrait pas prendre le candidat arrivé deuxième après lui ? […] Plus de 85 % de l’électorat se retrouve aujourd’hui dans le camp de la majorité. »

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Si Idrissa Seck, tour à tour allié et adversaire, puis à nouveau allié depuis le début de novembre, est la dernière « prise » en date de Macky Sall, bien d’autres leaders politiques l’avaient précédé dans les prairies « marron-beige » de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, principale force d’opposition depuis 2012, a ainsi vécu une interminable hémorragie qui l’a laissé exsangue.

Les transhumants doivent être fusillés, ce sont des traîtres !

Au Sénégal, pourtant, la transhumance a mauvaise presse. Qu’on se souvienne, par exemple, des propos sans nuances tenus en 2015 par Souleymane Ndéné Ndiaye, qui fut le dernier Premier ministre d’Abdoulaye Wade : « Ils doivent être exécutés ! Les transhumants doivent être fusillés, ce sont des traîtres ! […] Tous ceux qui ont quitté le PDS pour rejoindre l’APR sont des traîtres. Moi, je préfère mourir que de faire ça ! »

Deux ans plus tard, le ton avait changé : « Après mûre réflexion, j’ai donc décidé de serrer la main tendue par Macky Sall. J’accepte avec mon parti, l’Union nationale pour le peuple, de participer à élargir la majorité présidentielle », faisait savoir Souleymane Ndéné Ndiaye. Aujourd’hui, l’intéressé est président du conseil d’administration de la compagnie Air Sénégal.

« Unité nationale », « intérêt supérieur de l’État », « main tendue »… Les arguments honorables ne manquent pas pour justifier les revirements politiques qui conduisent nombre d’opposants à rejoindre en file indienne le camp au pouvoir en attendant des jours meilleurs. Jeune Afrique revient, en une infographie, sur les zigzags les plus significatifs des huit dernières années.

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Cliquez sur les différentes périodes pour voir évoluer les personnages politiques. Les bulles entourées de rouge représentent celles et ceux qui, depuis 2012, ont changé de camp au moins une fois.

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