Économie

Afreximbank au plus haut, malgré la crise

Sous la houlette de Benedict Oramah, réélu à sa tête en juin, la banque panafricaine a su développer de nouveaux instruments pour s’adapter à la nouvelle donne.

Mis à jour le 18 novembre 2020 à 17:51

Benedict Oramah est le président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) depuis juin 2015. © Patrice Moullet pour JA

Un recul d’à peine -4 %. C’est en tout et pour tout l’impact « négatif » de la crise du Covid-19 sur le bénéfice de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) : 217 millions de dollars (janvier-septembre 2020). En dépit des soubresauts de l’économie africaine, la banque a augmenté les prêts et avances aux clients.

Créée en octobre 1993 pour promouvoir et financer le commerce en Afrique, Afreximbank a longtemps offert un appui indifférencié aux échanges, finançant par exemple les biens importés par un grossiste kényan que ceux-ci viennent de l’Inde ou de l’Ouganda… Résultat : fin 2015, la part du financement du commerce intra-africain dans le portefeuille de prêts de la banque était de 3 % à peine.

Le virage stratégique de Benedict Oramah

Cet état de fait a changé depuis l’arrivée aux commandes, en septembre 2015, du Nigérian Benedict Oramah. Ce panafricaniste convaincu a radicalement réorienté les opérations en faveur des échanges intra-africains – 28% du portefeuille de prêts à la fin de 2019 – et du secteur privé continental.

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Le stock de garanties accordées aux entrepreneurs a doublé entre 2016 et 2019 à 8,6 milliards de dollars, celles destinées aux États ont baissé de moitié à 3,8 milliards.

« Nous sommes heureux de voir que, grâce à l’effort de la Banque, il devienne maintenant à la mode de financer le commerce et les investissements intra-africains », s’est enthousiasmé Benedict Oramah, lors de sa réélection en juin 2020 pour un second mandat de cinq ans.

Appui inconditionnel des actionnaires

Afreximbank doit son succès à deux types d’atouts. D’un, l’appui inconditionnel de son actionnariat composé majoritairement de banques centrales africaines, qui lui permettent de se financer à des coûts modérés, ainsi que la large variété de produits financiers proposés (prêts, garanties, crédits renouvelables, arrangements de levées de fonds…).

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De deux, une connaissance fine des marchés due aux solides partenariats liés avec les meilleures signatures du continent – de Dangote Group à Liquid Telecom, en passant par El Sewedy Electric ou encore Mauritius Commercial Bank.

Oramah a également fait preuve d’une remarquable créativité, développant régulièrement de nouveaux instruments financiers face aux crises affectant le continent. La Banque a significativement boosté son offre de lettres de crédit après la chute des prix du pétrole de 2014-2016, déboursant près de 10 milliards de dollars en deux ans.

Implémentation de la Zleca

En mars, un nouveau mécanisme (Patimfa) dédié à contrecarrer les effets de la pandémie a vu le jour et a contribué à la hausse des prêts et avances de liquidités accordées (15,96 milliards de dollars à la fin septembre, +33 % sur un an).

Une adaptabilité qui n’est pas pour rien dans  le choix de l’Union africaine, qui a confié à l’institution le développement de plusieurs mécanismes financiers devant accompagner l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).

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En juin, Benedict Oramah a promis aux actionnaires de la Banque d’œuvrer à ce que d’ici 2025, Afreximbank « se dresse comme un colosse dans l’arène du financement du commerce africain », et soit « une banque dont tous les Africains seront fiers ; une banque que les générations futures d’Africains montreront du doigt pour prouver que le continent a effectivement tracé sa propre voie ». Lyrique peut-être. Utopique ? Pas forcément.