Économie

Qui est HPS, le champion marocain qui rêve d’un monde « sans cash » ?

Dans un contexte de pandémie de Covid-19, voilà un secteur qui ne connaît pas la crise. Si le paiement dématérialisé accélère fortement, le marocain HPS n’est pas en reste.

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Mis à jour le 26 octobre 2020 à 10:50

Les solutions de paiement électronique de HPS sont utilisées dans plus de 72 pays à travers le monde. © HPS

À l’intérieur comme à l’extérieur des frontières du Maroc, on associe volontiers les termes de « success story » à l’épopée HPS, pour Hightech Payment Systems.

« HPS est un champion marocain incontesté qui a pu se développer au sein du royaume avec la montée en puissance du secteur financier », évoque d’emblée Jean-Marc Velasque, responsable des activités de conseil de Sopra Banking Software au Moyen-Orient et en Afrique, quand on l’interroge sur la place de la société de services informatiques bancaires sur les marchés domestique et régional.

De fait, HPS cofondé en 1995 par l’ex-patron des patrons marocains Mohamed Horani et Abdeslam Alaoui Smaili, qui fournit des solutions de paiement électronique multicanal, y compris mobile, n’en finit pas de battre des records.  PowerCard, sa solution phare, est une plateforme intégrée qui couvre toute la chaîne de valeur du paiement électronique sur un seul support.

Chiffre d’affaires multiplié par cinq depuis 2006

Introduit à la Bourse de Casablanca en décembre 2006, avec un cours de 850 dirhams (78 euros) l’action, le groupe a vu sa valeur monter en flèche en une dizaine d’années, surfant sur le fort potentiel de son activité. Une action HPS s’échange actuellement autour de 5 000 dirhams (460 euros) sur le marché.

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Idem pour l’inclinaison de la courbe de son compte de résultat : elle connaît une croissance constante depuis l’IPO. Le chiffre d’affaires du groupe marocain a ainsi été multiplié par cinq depuis 2006. En 2019, il atteignait 720 millions de dirhams (soit plus de 66 millions d’euros), contre 662 millions un an auparavant, pour un résultat net consolidé de 94 millions de dirhams.

« Aujourd’hui, HPS voit ses solutions PowerCard utilisées dans plus de 90 pays à travers le monde par plus de 400 institutions, servies par les filiales à Casablanca, Dubaï, Paris, Aix-en-Provence, Singapour et Johannesburg », détaille pour Jeune Afrique Abdeslam Alaoui Smaili, directeur général du groupe.

Début octobre, l’entreprise – dont les concurrents principaux sont M2M et IPT – a notamment décroché un contrat auprès du groupe bancaire sud-africain Capitec Bank, au sein duquel il déploiera sa solution phare pour consolider les activités de paiement.

Contrat avec Société générale

« En Afrique, les solutions PowerCard sont utilisées dans une quarantaine de pays du Maroc jusqu’en Afrique du Sud », précise notre interlocuteur.

Nous sommes convaincus que l’émergence d’une société sans cash est déjà une réalité

Et cette expansion géographique semble à la mesure des ambitions du groupe. « Nous sommes convaincus que le futur dont nous rêvons pour l’émergence d’une société sans cash est déjà une réalité », poursuit Abdeslam Alaoui Smaili.

« Pour saisir ces opportunités, nous continuerons à déployer notre stratégie de développement qui repose notamment sur le renforcement de nos investissements en R&D pour augmenter notre capacité d’innovation et consolider la position de PowerCard parmi les solutions de référence de l’industrie du paiement. »

Chaque année, l’entreprise consacre environ 15 % de ses revenus dans la recherche et le développement pour son produit phare. En 2018, HPS a ainsi annoncé une enveloppe de 230 millions de dirhams sur cinq ans pour la R&D.

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Un investissement qui lui a notamment permis de décrocher de nouveaux contrats l’année suivante. « La société est aujourd’hui un acteur reconnu qui a mené de nombreux projets de mise en œuvre de plateformes de paiement panafricaines – une illustration de cette position de référence est le contrat remporté en 2019 avec Société générale pour ses entités africaines », développe Jean-Marc Velasque.

 Limite de maturité technologique

Les activités africaines de HPS représentent près de 45 % de son chiffre d’affaires, devant les marchés européen (30 %), moyen-oriental et asiatique (22 %) et américain (3 %).

La croissance du e-commerce et du e-paiement reste liée en partie aux contraintes technologiques

Une tendance qui devrait se poursuivre, alors que la croissance des établissements de paiements et notamment des opérateurs de télécom a largement porté la transformation des modèles bancaires ces dernières années sur le continent.

Toutefois, « si la croissance du e-commerce et du e-paiement s’inscrit dans cette dynamique, elle reste liée en partie aux contraintes technologiques (déploiement de connexions à haut-débit, acteurs fintech locaux…) », note Jean-Marc Velasque, selon lequel la limite de maturité technologique est particulièrement marquée sur le continent africain, où « la fin du cash comme beaucoup le promettent n’est pas encore une réalité.

Le cash toujours roi

En témoignent pour l’Uemoa et la zone Cemac la part du cash au sein de la masse monétaire qui reste très élevé (deux fois plus forte qu’en Europe) malgré la percée des opérateurs mobiles.

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Quant au Maroc, premier marché africain de HPS, « le pays a obtenu un score assez médiocre sur l’index e-commerce de Fitch en 2018, en termes de perception de la propension des consommateurs et des entreprises à dépenser en ligne, la plupart des obstacles à l’adoption étant du côté des infrastructures, car l’adoption des cartes de crédit et d’autres formes de paiement étaient relativement faible », commente un analyste de Fitch Solutions.

Dans cette perspective, HPS reste tout de même confiant. « Nous restons convaincus du fort potentiel du continent africain et nous menons une stratégie spécifique pour renforcer notre présence et nos parts de marchés, notamment en Afrique anglophone », ponctue Abdeslam Alaoui Smaili.