Selon nos informations, Afriland First Bank a déposé, le 2 octobre, une plainte en diffamation contre l’ONG britannique Global Witness (GW) et la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris.
La banque camerounaise, représentée par Me Éric Moutet, s’est constituée partie civile et attaque le rapport Des sanctions, mine de rien publié le 2 juillet par le GW et de la PPLAAF. Elle estime que ce document l’accuse de façon diffamatoire de corruption, de complicité de blanchiment ainsi que de violations du système de sanctions américain.
L’ONG et la Plateforme, dont le directeur de publication n’est autre que l’avocat William Bourdon, y décrivent le présumé système de contournement des sanctions américaines mis au point en RD Congo par l’homme d’affaires Dan Gertler et ses associés, notamment via la filiale congolaise d’Afriland First Bank.
Une autre plainte de la banque camerounaise (déposée le 1er juillet) est en cours d’examen en France au sein de la section financière du parquet de Paris. Afriland First Bank y estime que les documents utilisés par ses adversaires auraient été obtenus par « vol et abus de confiance », « chantage », « corruption privée », « violation du secret bancaire » ou « faux et usage de faux ».
Dan Gertler à l’offensive
Selon nos sources, le magnat des mines israéliens Dan Gertler a lui-même contesté ce rapport en justice, à Paris. Le 2 octobre, il a ainsi déposé une plainte en diffamation similaire à celle d’Afriland First Bank contre GW et la PPLAAF, par l’entremise de son avocat, Emmanuel Daoud (associé du cabinet Vigo et représentant de la la Fédération internationale des droits de l’Homme).
L’homme d’affaires, qui s’est constitué partie civile, y déclare être accusé de façon mensongère et diffamatoire d’avoir construit un réseau de blanchiment et de corruption en vue de contourner les sanctions américaines dont il fait l’objet.
Dan Gertler a récemment décidé d’intensifier sa riposte juridique après après avoir obtenu le 31 juillet, un verdict de la justice américaine et d’un tribunal du New Jersey en sa faveur face à des actionnaires de Glencore. Le géant suisse des matières premières l’accusait de pratiques de corruption dans ses activités en RDC.
Une autre procédure opposant Gertler à Glencore est d’ailleurs toujours en cours en Suisse, où le magnat israélien est représenté par le ténor du barreau Marc Bonnant.
Berros et Katsobashvili en renfort
Selon nos informations, deux autres présumés « associés » de Dan Gertler, le Français Elie-Yohann Berros et le Russe Ruben Katsobashvili, ont également déposé plainte en diffamation (en leur nom et en ceux de leurs entreprises respectives, Evelyne Investissement et Interactive Energy AG) contre Global Witness et la PPLAAF, par l’intermédiaire de l’avocat Patrick Klugman, le 2 octobre, à Paris.
Selon l’ONG et la Plateforme, Berros et Katsobashvili auraient participé au système de contournement des sanctions américaines, ce que les deux intéressés nient. Ils affirment avoir fourni des réponses en ce sens à l’ONG avant la publication du rapport, lesquelles auraient été ignorées par ses enquêteurs.