Des indicateurs qui résistent à la crise, une gestion agile de la dette et des visées continentales. Ce sont les trois points qui, malgré les difficultés économiques du royaume en raison de la pandémie de coronavirus, font garder le sourire à Abdelmajid Iraqui Houssaini, le président du directoire de Taqa Morocco depuis 2009.
« La crise actuelle a démontré la résilience de notre business model qui repose sur son expertise unique d’opérateur, avec des performances opérationnelles en constante progression, ainsi que sur des cash-flows stables et prédictibles », explique le management de la filiale de l’Abu Dhabi National Energy Company, satisfait des indicateurs du premier semestre 2020 de l’entreprise, premier producteur d’énergie du Maroc.
Production record au premier semestre
Si le chiffre d’affaires consolidé a flanché de 11 % sur les six premiers mois de l’exercice pour s’établir à 4 milliards de dirhams (365 millions d’euros), c’est en raison de la révision majeure planifiée de l’unité 5 de la centrale de Jorf Lasfar, assure ainsi la direction.
« Il y a également un élément exogène à la performance de l’entreprise qui explique la baisse de notre chiffre d’affaires : c’est la diminution de 15 % des frais d’énergie en raison de la baisse des prix du charbon sur le marché mondial », poursuit la direction de Taqa Morocco.
Parallèlement, le taux de disponibilité des six unités de la centrale est en hausse et a atteint 97,3 %. Une satisfaction pour les dirigeants du groupe. C’est ce qui a d’ailleurs conduit à une production record au premier semestre de 2020 avec 8 000 GWhs, contre 7 946 GWhs au même moment de l’année dernière.
Confort de trésorerie appréciable
Avant cela, une autre avancée avait permis de rassurer investisseurs et actionnaires: l’extension du contrat de fourniture d’énergie électrique avec l’Onee jusqu’en 204. Obtenue en mars, elle garantit un confort de trésorerie appréciable et une certaine agilité pour les futurs investissements.
Dans la foulée, en septembre, les dirigeants du producteur d’électricité ont décidé un reprofilage de la dette bancaire grâce à l’émission d’une dette obligataire privée étalée sur 18 ans de 2,7 milliards de dirhams. Ont participé à cette levée, négociée de gré à gré, des institutionnels comme la CDG, le Fonds Hassan II ou encore des banques et des organismes de placement collectif en valeurs mobilières.
Le groupe peut encore s’endetter si des opportunités sérieuses se présentent
« Ce sont des profils qui recherchent du papier sur le long terme, avec un business model robuste qui donne une grande prédictibilité sur les cash-flows », a commenté Omar Alaoui M’Hamdi, le directeur général adjoint de la société, lors d’une récente prise de parole. Selon des sources sur le marché, l’opération a connu un grand succès auprès des souscripteurs visés par le groupe.
Politique d’investissement sereine
« Le grand avantage pour Taqa Morocco à la suite de cette opération, c’est l’optimisation du coût d’endettement. Étant donné que la dette bancaire a été remboursée de façon anticipée et que le gearing demeure au même niveau qu’avant, cela signifie qu’ils peuvent encore s’endetter si des opportunités sérieuses se présentent », explique à Jeune Afrique un analyste financier de la place casablancaise.
Désormais, Taqa Morocco va pouvoir financer sereinement ses prochains projets de développement. Même si, en matière d’investissements, la deuxième partie de l’année ne sera pas aussi riche que la première au cours de laquelle 1,67 milliard de dirhams ont été dépensés dont 90 % ont servi pour l’obtention du droit de jouissance complémentaire relatif à la prorogation du contrat de fourniture d’Énergie Électrique des unités 1 à 4.
« Notre politique d’investissement est directement liée aux projets d’amélioration continue et de maintenance de la centrale. Le montant d’investissement sur le deuxième semestre 2020 est de l’ordre de 160 millions de dirhams et couvrira la révision mineure planifiée de l’unité 1 », détaille le management de Taqa Morocco.
Diversification du portefeuille énergétique
En plus des investissements à Jorf Lasfar, à environ 120 km au sud de Casablanca, où est implantée la centrale, les dirigeants du producteur d’électricité cherchent à diversifier le portefeuille énergétique au Maroc mais aussi en Afrique. En interne, on parle d’énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien et aussi dans les centrales électriques à cycle combiné gaz.
Pour ce qui est du reste du continent, l’ambition a été affichée en 2017 et semble aujourd’hui proche de la concrétisation. Le groupe a été au mois d’avril présélectionné pour les projets Scaling Solar au Togo et en Éthiopie.
Au Togo, le gouvernement souhaite construire une centrale photovoltaïque à Kpalassi et une autre Salimdè, au centre du pays, d’une capacité de production combinée pouvant atteindre 80 MW et pour un investissement global de 70 millions de dollars.
En Éthiopie, pays partenaire du Maroc sur les questions énergétiques, il y a une ambition de mettre en place très prochainement 25 mini-grids hybrides. « Ce sont des cycles longs : de prospection, de réponses aux appels d’offres, des dues diligences nécessaires. Nous y travaillons », conclut le management.