Éthiopie : des leaders de l’opposition poursuivis pour terrorisme

L’Éthiopie a annoncé samedi des poursuites contre plusieurs leaders de l’opposition, dont Jawar Mohammed, pour terrorisme et incitation à la violence.

Jawar Mohammed, le 24 octobre 2019. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Jawar Mohammed, le 24 octobre 2019. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Publié le 19 septembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Les accusations, qui pourraient mener à un emprisonnement à vie, sont liées aux violences qui ont éclaté après le meurtre fin juin de Hachalu Hundessa, un très populaire chanteur oromo. Dans les jours qui ont suivi, au moins 178 personnes avaient trouvé la mort au cours de violences interethniques ou policières.

Parmi les leaders poursuivis figurent Jawar Mohammed et Bekele Gerba, membres du parti Congrès Fédéral Oromo. Ils faisaient partie des quelque 9 000 personnes prises dans les violences et les arrestations de masse. Ces dernières ont déclenché de vives critiques quant à l’ampleur de la réaction du gouvernement d’Abiy Ahmed, premier Premier ministre oromo et lauréat en 2019 du prix Nobel de la Paix.

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Au total, le bureau du procureur général a annoncé samedi, via une publication sur Facebook, des poursuites contre 24 personnes. Parmi les autres suspects figurent plusieurs figures critiques d’Abiy Ahmed vivant à l’étranger, tel l’activiste Tesgaye Regassa et l’ancien allié du Premier ministre Berhanemeskel Abebe.

Des accusations jugées infondées

L’avocat de Jawar Mohammed, Tuli Bayyisa, a déclaré samedi qu’il n’avait pas été informé des accusations contre son client, qu’il estime infondées. « C’est stupéfiant. Je suis sûr à 100% que, même si cela doit prendre des années et des années, ils ne prouveront pas ces allégations si la loi est vraiment efficace », a-t-il dit.

Le communiqué du procureur général n’a pas donné de détails sur les accusations. Selon Tuli Bayyisa, celles pesant contre Jawar Mohammed semblent concerner une bagarre autour de la dépouille d’Hachalu Hundessa, au cours de laquelle un policier est décédé. « Pas un seul témoin n’a parlé avec cohérence de crimes commis par M. Jawar ou M. Bekele », a dit l’avocat.

Les nationalistes oromo, tel Jawar Mohammed, considèrent que le Premier ministre n’a pas assez fait pour répondre à la marginalisation politique et économique dont ils estiment souffrir.

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Les poursuites judiciaires contre cet activiste pourraient alimenter les violences à Addis Abeba et en Oromia, la région la plus peuplée du pays et qui enserre la capitale éthiopienne. Le mois dernier, les forces de sécurité ont tué au moins 5 personnes au cours de manifestations contre la détention de Jawar Mohammed. Ce dernier devrait, comme Bekele Gerba, être présenté devant un tribunal lundi.

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