Éthiopie : dans le Tigré, des élections pour défier le pouvoir d’Abiy Ahmed

Une foule d’électeurs se pressaient mercredi matin devant les bureaux de vote de la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie, pour un scrutin qui défie l’autorité du Premier ministre Abiy Ahmed.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, en octobre 2019 à Addis Abeba. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, en octobre 2019 à Addis Abeba. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Publié le 9 septembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Les bureaux de vote ont ouvert à 6h (3h GMT) dans cette région montagneuse, malgré la décision du pouvoir fédéral de repousser toutes les élections en raison de la pandémie de coronavirus. Considéré comme illégal par Addis Abeba, ce vote est le dernier défi en date pour le gouvernement d’Abiy Ahmed, qui fait face à de profondes divisions politiques et ethniques, et qui se trouve à un moment critique de sa relation avec le Tigré. Cette région a dominé la politique éthiopienne pendant près de trois décennies, avant que des manifestations antigouvernementales ne débouchent sur l’arrivée du Premier ministre au pouvoir en 2018.

L’Éthiopie devait tenir des élections nationales en août. En mars, la Commission électorale les a repoussées sine die en raison de la situation sanitaire. Mais l’extension votée par le Parlement fédéral du mandat des députés, qui devait expirer en octobre, a été rejetée par les leaders tigréens. Ceux-ci ont décidé de tenir unilatéralement des élections, provoquant le courroux de l’État fédéral.

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Le TPLF favori

Plus de 600 candidats appartenant à cinq partis politiques concourent pour 152 sièges au Parlement régional. Ces partis discuteront ensuite de la répartition des 38 autres sièges. Le grand favori est le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui a mené la lutte armée contre le régime communiste du Derg jusqu’à la chute de ce dernier en 1991 et qui dirigeat ensuite la coalition au pouvoir.

Mis sur la touche par le gouvernement d’Abiy Ahmed, le TPLF reste aux commandes dans son fief du Tigré, qui représente 6% de la population éthiopienne (110 millions d’habitants). Hailu Kiros, 62 ans, en chaise roulante, faisait partie des nombreux vétérans de la guerre qui attendaient mercredi matin leur tour pour voter. « C’est important pour moi. Nous nous sommes battus pour cela, pour que des élections puissent se tenir tous les cinq ans », a-t-il expliqué. Le TPLF fait face à quatre autres partis, dont un – le Parti pour l’indépendance du Tigré – défend une sécession de la région afin de former son propre État.

Les bureaux de vote doivent fermer à 18h, et des résultats préliminaires pourraient être connus dès jeudi soir.

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