Économie

Mali : une deuxième jeunesse pour la mine historique de Morila ?

Rachetée par la junior australienne Mali Lithium au géant canadien Barrick, la mine d’or malienne, dont les réserves paraissaient épuisées, s’apprête à produire de nouveau.

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Mis à jour le 2 septembre 2020 à 12:47

Installations de Morila, au Mali. © Mali Lithium

C’est une cession hautement symbolique, annoncée ce 31 août, que le canadien Barrick, deuxième producteur mondial d’or, entend conclure au Mali. La mine de Morila est le gisement qui a propulsé Randgold – qui a fusionné avec Barrick – dans la cour des grands producteurs d’or sur le continent au début des années 2000, sous la houlette de son emblématique fondateur sud-africain Mark Bristow, devenu depuis lors une figure clef du secteur aurifère.

En vingt ans, le site a produit pas moins de 6,9 millions d’onces d’or

Après ce premier succès ouest-africain, Randgold avait éprouvé son modèle de « découvreur et développeur de mines » ailleurs au Mali, puis en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Sénégal et en RDC, avant de convoler en justes noces avec Barrick. Après la fusion, finalisée en janvier 2019, Mark Bristow était devenu directeur général du nouvel attelage.

Changement de spécialité pour Mali Lithium

Depuis 2000, date de son entrée en exploitation, le site extractif de Morila, situé à quelque 280 km au sud-est de Bamako, a produit pas moins de 6,9 millions d’onces d’or, ce qui lui a valu à son apogée le surnom de « Morila Gorilla » (« Morila le gorille ») dans les milieux miniers.

Repoussée à plusieurs reprises, la fermeture définitive du site – devenu en 2015 un centre de traitement de stocks de minerais résiduels – était annoncée pour 2021. Mais la revente à la junior australienne Mali Lithium, titulaire de permis miniers adjacents, pourrait allonger à nouveau la durée de l’exploitation. En effet, le repreneur entend extraire encore 1,3 million d’onces du  principal gisement de Morila et de ses satellites.

L’or va devenir notre cœur de métier

Cotée à la bourse de Sidney (ASX) et initialement centrée sur l’exploration de lithium – et titulaire pour cela du permis de Goulamina, acquis en 2016 –, cette petite compagnie entend changer de minerai de prédilection.

« L’or va devenir notre cœur de métier. Nous n’excluons pas la mise en place d’un partenariat [pour l’exploitation du lithium] à Goulamina, voire une cession [de ce permis] », explique Alistair Cowden le PDG de la compagnie basée à Perth, interrogé par Jeune Afrique Business +. Mali Lithium détient déjà des permis dans l’or pour les projets extractifs de Massigui et Dankassa, situés dans la même région que Morila.


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« Nous allons lever de l’argent pour un règlement en cash », indique également le patron de Mali Lithium, qui précise que ce recours aux marchés permettra à sa compagnie, outre l’acquisition – estimée à environ 25 millions de dollars – de couvrir les investissements nécessaires au redéploiement de Morila.

Barrick poursuit sa route dans la sous-région

De son côté, Barrick entend bien poursuivre sa route au Mali, en dépit du coup d’État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier, qui n’a selon lui pas eu de conséquences sur sa production d’or dans le pays.

À Lire Mark Bristow (Barrick Gold) : « Nous avons l’intention d’étendre notre empreinte africaine »

Le groupe canadien va concentrer ses efforts sur l’optimisation de l’exploitation de son complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, qu’il qualifie de gisement de « classe mondiale », et dont il tire actuellement quelque 700 000 onces d’or chaque année.

Le géant entend poursuivre ses activités d’exploration au Mali et dans la sous-région pour lancer nouveaux projets miniers du même acabit, capables de produire plus de 500 000 onces par an.