Politique

RDC : pourquoi Tshisekedi et Kabila ont créé un nouveau comité

Alors qu’ils disposent déjà d’un comité suivant les avancées de leur coalition, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila ont mis en place une nouvelle commission, plus réduite, pour tenter d’aplanir leurs divergences. Voici pourquoi.

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Mis à jour le 18 août 2020 à 18:35

Rencontre entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, le 22 avril 2020. © Presidence RDC

Le 2 juillet dernier, lors de leur dernier tête-à-tête, le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, avaient convenu de la nécessité de relancer le comité de suivi de l’accord de coalition entre leurs mouvements respectifs, Cap pour le changement (Cach) et le Front commun pour le Congo (FCC).

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Mi-août, les deux hommes, qui s’appellent régulièrement, ont toutefois décidé d’aller plus loin : ils ont créé une nouvelle commission ad-hoc pour tenter d’aplanir un peu plus leurs divergences. Selon nos informations, celle-ci travaillera exclusivement sur les dossiers qui divisent la coalition depuis plusieurs semaines.

Réforme judiciaire et Ceni au menu

Selon plusieurs sources à la présidence, la nouvelle commission ne se substituera pas au comité de suivi de l’accord de coalition, mais interviendra en marge de l’action de celui-ci, en particulier pour préparer la prochaine rencontre entre l’actuel chef de l’État et son prédécesseur – dont la date n’est pas encore fixée.

Au menu des discussions (qui ont déjà débuté) : la réforme judiciaire proposée par le FCC ou encore le choix du prochain président de la Commission électorale nationale et indépendante. L’organe, au format volontairement réduit, est composé de huit personnalités (quatre pour chaque camp) – contre douze pour le comité.

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Au sein de la nouvelle commission, le Cach compte sur l’ambassadeur itinérant de Tshisekedi, Nicolas Kazadi, élément central du premier cercle du chef de l’État. Peter Kazadi, député provincial et cadre de l’UDPS (parti du président) a aussi rejoint l’équipe, aux côtés de Théthé Kabwa Kabwe. Ce dernier est le bras droit du conseiller spécial en matière de sécurité de Tshisekedi, François Beya, lequel a déjà pris part à certaines réunions entre son patron et Kabila.

Shadary, Kabund et Kabuya tenus à l’écart

Enfin, Kitenge Yesu, Haut représentant du chef de l’État, intègre lui aussi la commission, tout en restant membre du comité de suivi préexistant – dont la rémunération des membres peut, selon nos sources, atteindre 10 000 dollars.

Côté FCC, c’est la totalité des membres de la nouvelle commission qui faisait déjà partie du comité et endossera donc une double casquette. Il s’agit du coordonnateur du parti, Néhémie Mwilanya Wilondja, d’Aubin Minaku, de Raymond Tshibanda et d’Azarias Ruberwa.

Selon nos sources, plusieurs autres membres importants du comité ont en revanche été tenus à l’écart du nouvel organe réduit : Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD (parti de Kabila), mais aussi l’ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale Jean-Marc Kabund-a-Kabund et Augustin Kabuya, président intérimaire et secrétaire général de l’UDPS. Leur profil était jugé trop militant.