« Un jour quelqu’un m’a écrit : “le tragique, c’est l’irrémédiable”. » Ainsi s’exprime Aïssatou Ouattara, l’un des personnages de Et je veux le monde, le premier roman de Marc Cheb Sun. L’écrivain français aux origines italiennes et égyptiennes pose d’emblée le décor, où tout est joué : quelqu’un est mort, quelque part, et un compte à rebours est lancé, cinq semaines avant les faits, à J-35.
On entend presque les pages du calendrier qui se tournent, le tic-tac des aiguilles d’une montre qui égrène les secondes. La tension dramaturgique du récit a pour point focal cet irrémédiable auquel on ne sait pas donner un nom : qui va mourir ? Qui va tuer ? Comment cela va-t-il se passer ?
On entre dans cette histoire dans la peau de Samba Ouattara, qui se dédouble parfois en Mowgli. « J’suis Mowgli, j’suis Simba », dit un couplet de DA, morceau du groupe de rap français PNL – la bande-son principale du roman –, auquel s’identifie l’adolescent de 17 ans, autiste léger.