Comme ils le répétaient souvent, à commencer par Alassane Ouattara lui-même, il n’y a pas de plan B et il n’y en a jamais eu. Alors quand Amadou Gon Coulibaly a brutalement disparu le 8 juillet, les cadres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) se sont retrouvés dans une impasse, orphelins et sans candidat à la présidentielle d’octobre. Passé le temps du deuil national et des hommages, il leur faut désormais rapidement répondre à la question que tout le monde se pose : qui remplacera Gon Coulibaly pour être leur candidat ?
La réponse, c’est Alassane Ouattara qui la donnera. Et le président a visiblement fait son choix : il est décidé à briguer un troisième mandat. Qu’importe s’il revient sur sa parole et ses promesses de transmission du pouvoir à une « nouvelle génération », basculant du rang de chantre de la démocratie à celui d’un président s’accordant une troisième mi-temps. Qu’importe également les critiques des opposants, qui estiment qu’il n’a pas le droit de se présenter une nouvelle fois. Les circonstances exceptionnelles, estime-t-il, ne lui laisse pas d’autre choix.
Personne ne peut être préparé en trois mois comme feu le Premier ministre l’a été pendant trois ans
« À l’heure actuelle, compte tenu des délais, je ne vois hélas pas d’autre solution pour préserver la stabilité du pays », a-t-il confié à Jeune Afrique le 15 juillet au sujet de sa candidature. Exit, donc, les options Hamed Bakayoko, ministre d’État, ministre de la Défense, et Patrick Achi, secrétaire général de la présidence, dont les noms ont un temps circulé comme potentiels remplaçants d’Amadou Gon Coulibaly. « Personne ne peut être préparé en trois mois comme feu le Premier ministre l’a été pendant trois ans », glisse une figure de l’exécutif.
Celui qui ira sera donc le chef incontesté, sauf nouveau cataclysme de dernière minute. Reste désormais à préparer l’opinion publique à ce virage à 180 degrés.
Les caciques montent au front
Adama Bictogo, le directeur exécutif du RHDP, a été un des premiers à monter au front. Dans différentes déclarations publiques, il a appelé le président à se représenter. « Dès que le drame est arrivé, la majorité des militants s’est retournée vers le président Alassane Ouattara (…). Il est notre solution. Et je le lui ai exprimé », a-t-il notamment indiqué au micro de nos confrères de RFI, le 20 juillet.
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture et porte-parole du RHDP, s’est pour sa part fendu d’une lettre ouverte, largement diffusée dans les médias ivoiriens, pour réclamer un troisième mandat au chef de l’État. « Il n’y a que vous qui puissiez combler ce grand vide. Il n’y a que votre candidature qui puisse à nouveau rassembler toute la grande famille du RHDP. Il n’y a que vous et vous seul pour garantir la sécurité, la stabilité et la paix si chères à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens », y écrit-il notamment.
Selon Adjoumani et les responsables du RHDP, cette candidature de Ouattara serait avant tout une demande de la « base » du parti. « La grande majorité des militants et des cadres pensent que le président doit y aller. Il est le seul à faire l’unanimité », assure un ministre.
Le parti s’organise
En attendant que son mentor se prononce officiellement, le parti s’organise. Ce mardi 21 juillet après-midi doit se tenir une importante réunion des dirigeants du mouvement présidentiel au siège du RHDP, à Abidjan. Puis, mercredi et jeudi, Adama Bictogo rencontrera les députés, sénateurs et élus locaux issus de ses rangs. Pour finir, ministres et autres figures du parti réuniront leurs militants dans leurs régions respectives, samedi et dimanche. De là à imaginer que cette série de rencontres débouche sur un appel solennel au président pour qu’il se représente…
L’intéressé, lui, ne devrait pas se prononcer officiellement avant la mi-août, une fois les quarante jours de deuil musulman écoulés. Il lui resterait alors une quinzaine de jours pour déposer son dossier de candidature avant la date limite, le 31 août, et, surtout, pour recueillir les parrainages citoyens – au moins 1% du corps électoral dans la moitié des régions du pays – désormais nécessaires pour se présenter à la magistrature suprême. Une condition qui, vu le maillage local du RHDP, ne devrait être qu’une formalité.