Radisson Hospitality AB, qui exploite des marques d’hôtels en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, poursuivra ses plans d’expansion sur ses principaux marchés africains malgré la pandémie de Covid-19.
Si le groupe devra faire face au second semestre 2020 à un « resserrement temporaire » de ses liquidités du fait du coronavirus, comme l’anticipe l’agence de notation américaine Fitch, la société devrait pouvoir faire face à la crise. Ramsay Rankoussi, qui a pris en juin dernier la tête du développement africain de Radisson, reste même convaincu que son groupe maintiendra son objectif d’ouvrir dans les cinq ans entre 10 et 15 nouveaux hôtels, affichant trois à cinq étoiles, dans chacun des quatre marchés qu’il a identifiés comme « prioritaires » sur le continent, à savoir le Maroc, l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud.
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L’Afrique francophone, notamment le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la RDC, est également étudiée avec attention par Radisson, propriété d’un consortium dirigé par la société chinoise Jin Jiang International Holdings. Le groupe, qui compte désormais un peu moins de 100 hôtels en Afrique, compte en avoir 150 d’ici cinq ans.
Timide reprise
Du fait du ralentissement économique causé par la pandémie, l’entreprise a dû réduire et reporter 30 % des coûts, notamment en retardant les investissements et en fermant des restaurants. Ces décisions ont été « difficiles à prendre, mais essentielles pour la survie de l’entreprise », confie Ramsay Rankoussi, qui se félicite du « soutien gouvernemental » dont son groupe a pu bénéficier, évitant ainsi les suppressions d’emplois.
Certains hôtels ont pu rester ouverts et continuer à fonctionner, pour les personnes en quarantaine, les professionnels de santé ou le personnel des agences gouvernementales, tandis que d’autres sont en train de rouvrir. Les réservations se multiplient, assure le dirigeant, qui voit déjà un « début de reprise », tiré essentiellement par la demande intérieure en matière de loisirs. Pour les voyages d’affaires, cependant, cibles prioritaires de l’hôtellerie haut de gamme, il va falloir attendre. « Les gens continuent d’éviter les longs déplacements en avion », commente-t-il.
En avril, Fitch a abaissé de BB à BB- la note de garantie de Radisson Hospitality AB, invoquant un profil de crédit incertain une fois que l’épidémie de coronavirus se sera calmée. L’agence avertit que tout soutien que Jin Jiang pourrait recevoir des autorités chinoises ne bénéficiera probablement pas à Radisson.
Regain d’intérêt pour la franchise
Jusqu’à présent, la société, qui privilégie un modèle de croissance organique plutôt que par acquisitions – à la différence de son concurrent Accor – a évité d’avoir à trouver de nouveaux fonds de roulement. À la question de savoir si cela pourrait changer en cas de récession prolongée, Ramsay Rankoussi a répondu que la société « a été bien soutenue » par ses actionnaires et que leur engagement « est resté le même ».
En outre, le fait que les hôtels Radisson du continent soient gérés par des investisseurs individuels limite l’exposition financière du groupe, qui anticipe un regain de l’intérêt d’hôtels africains, voire de chaînes locales ou régionales, pour la marque, qui leur donnerait accès à une distribution à plus grande échelle. « Il y a un avenir et des opportunités en Afrique », assure Ramsay Rankoussi, selon lequel le groupe compte bâtir « un nouveau modèle opérationnel », tout en continuant à se concentrer sur le franchisage et la gestion plutôt que sur la propriété.
Si le dirigeant exclut l’hypothèse d’un retrait de l’un ou l’autre de ses pays de présence, il annonce que certains pourraient « avoir besoin d’une gestion plus localisée » – sans en préciser les modalités.