
Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande, doit faire partie du groupe chargé de réexaminer le rapport du comité d'éthique de la BAD, qui avait blanchi Akinwumi Adesina début mai. © Richard Drew/AP/SIPA
L’ex-présidente de la République irlandaise a été approchée pour décortiquer le rapport qui a blanchi Akinwumi Adesina.
Il aura fallu plusieurs jours pour dessiner les contours de la « revue indépendante » censée passer au crible le rapport interne qui avait rejeté les accusations portées contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, par un groupe de lanceurs d’alertes.
Une personnalité « neutre, intègre, de haut calibre »
Annoncée le 5 juin dernier, cette revue du rapport du comité d’éthique émis début mai – et non une « enquête indépendante » -, devait être confiée à une seule personne. Celle-ci ayant pour qualités d’être « neutre, intègre, de haut calibre, avec une expérience incontestable et une réputation internationale avérée », selon le communiqué publié à ce moment-là.
Un léger ajustement du plan semble pourtant avoir eu lieu. Ce sont finalement trois personnes – au moins – qui seront chargées d’étudier le rapport du comité d’éthique de la BAD, a appris Jeune Afrique. Parmi elles, la femme politique irlandaise Mary Robinson, qui a été approchée par le bureau du Conseil des gouverneurs pour y participer. « La Banque africaine de développement est en train de mettre en place un groupe de trois personnes pour examiner le rapport du comité d’éthique, et Mary Robinson a indiqué qu’elle serait prête à siéger dans ce groupe », indique un proche de l’ancienne présidente irlandaise interrogée par JA.
Nos confrères de Financial Afrik avaient indiqué, il y a quelques jours qu’il reviendrait à la dirigeante irlandaise de réaliser la revue indépendante.
Spécialiste des libertés fondamentales
Première femme à accéder à la magistrature suprême de l’Irlande en 1990, pour une durée de sept ans, Mary Robinson devient ensuite Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme jusqu’en 2002. À noter qu’avant de devenir présidente de l’Irlande, Mary Robinson exerçait la profession d’avocate spécialisée dans les libertés fondamentales.
En tant qu’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, elle se rend plusieurs fois à Goma, dans le Nord-Kivu, en 2013 pour exhorter les rebelles congolais du Mouvement du 23-Mars (M23) à « cesser la violence » et enjoindre la RDC à négocier avec la rébellion, sans utiliser la force.
Depuis 2007, elle est membres de « The Elders » (« anciens », « sages »), une ONG lancée par Nelson Mandela rassemblant des personnalités publiques illustres oeuvrant à la résolution des conflits et en faveur de la bonne gouvernance. Elle en est la présidente depuis novembre 2018.
À la BAD, le panel chargé de la revue du rapport du comité d’éthique devra aussi contribuer à calmer les tensions entre les principaux acteurs influents autour de l’institution – notamment les États-Unis, qui avaient ouvertement remis en cause, fin mai, le travail du comité d’éthique de la BAD par la voix de Steven Mnuchin, le secrétaire d’État au Trésor, et réclamé une nouvelle enquête.
Depuis près de six mois, l’institution financière panafricaine est en effet le théâtre d’une grave crise interne.
Les conclusions de la revue du rapport du comité d’audit s’annoncent déterminantes alors que les pays membres de la BAD doivent décider en août de reconduire ou non Akinwumi Adesina à la présidence de l’institution.
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